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Ennahdha poursuit sa guéguerre contre le président Saïed

Ghannouchi combat Saied par Mechichi interposé.

Les islamistes d’Ennahdha et leurs alliés du moment, Qalb Tounes et Al-Karama, se sont donné le mot d’ordre : attaquer le président de la république Kaïs Saïed du matin au soir et, en même temps, porter le chef du gouvernement Hichem Mechichi aux nues. Ainsi va la politique dans la démocratie d’opérette à la Tunisienne, de campagne de dénigrement en campagne de communication, par réseaux sociaux interposés.

Par Imed Bahri

Dans cet exercice d’autant plus stupide qu’il est destructeur, Rafik Abdessalem Bouchlaka est passé maître. L’époux de Soumaya Ghannouchi (on aurait perdu beaucoup de temps à lui chercher une autre qualité) ne rate aucune occasion pour s’attaquer au président Saïed, lequel, soit dit en passant, a bon dos et prête bien le flanc, s’offrant comme une proie facile à ses détracteurs.

Equilibre entre les pouvoirs, dit-il

Dans un récent post Facebook, publié le 6 janvier 2021, le gendre de son beau-père, Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha et de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), ne se contente pas de railler le président Saïed, «qui a besoin de nous crier dessus à chaque fois ‘‘Je suis le président et le chef suprême des forces armées’’». «Il l’est à coup sûr, mais le ministère de l’Intérieur ne fait certainement pas partie de ses prérogatives», ajoute-t-il goguenard, laissant entendre, au passage, qu’Ennahdha ne laissera jamais ce département sous le contrôle de ses adversaires et M. Saïed est le plus dangereux à leurs yeux depuis qu’il a osé critiquer la partitocratie en place en Tunisie, et dont Ennahdha est le principal représentant.

«Monsieur le président, nous voulons un Etat de droit et des institutions, qui respecte ses hommes, ses femmes, sa constitution et sa révolution qui l’a libéré du pouvoir individuel et de l’autoritarisme», souligne M. Bouchlaka. Et d’ajouter : «Dieu merci, notre constitution, malgré tous ses défauts, nous a blindés contre les putschs, les retours en arrière et les bouleversements, parce qu’elle a, tout simplement, créé un équilibre entre les pouvoirs, et a empêché que le pouvoir soit accaparé par une seule personne ou une seule institution, et c’est là le sens premier de la liberté et de la démocratie».

Bien entendu, M. Bouchlaka n’est nullement dérangé par le fait que le poulain du moment des islamistes et de leurs alliés et obligés, M. Méchichi en l’occurrence, ait pris la décision intempestive de limoger brutalement le ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine, sans aucune explication, et de cumuler lui-même les fonctions de chef de gouvernement et de ministre de l’Intérieur, ce qu’avait fait en 1987 Zine El-Abidine Ben Ali, quelques mois seulement avant de marcher sur le Palais de Carthage, de faire destituer le président Habib Bourguiba et de prendre sa place.

Ennahdha pousse ses pions

Non, M. Abdessalem n’en est nullement dérangé. Il défend même bec et ongles le droit de M. Mechichi de démettre le ministre de l’Intérieur, quelques semaines seulement après sa nomination : «Ce n’est pas là un crime qui exige une justification, mais une mesure banale qui s’inscrit au cœur des prérogatives du chef de gouvernement, qui peut changer ou limoger ses collaborateurs selon une évaluation objective des performances et des erreurs», écrit-il.

M. Bouchlaka feint cependant d’ignorer ou passe sous silence le fait que son parti avait dès le départ émis des réserves sur M. Charfeddine, dont le principal défaut est d’avoir été choisi par le président Saïed, et œuvré depuis sa nomination pour accélérer son… limogeage. C’était donc simplement une question de temps et M. Mechichi, l’homme à tout faire des islamistes et leur otage, ne pouvait rien leur refuser. Bref, les jours de M. Charfeddine étaient comptés et dans la guerre que les dirigeants d’Ennahdha et leurs alliés et obligés livrent au président Kaïs Saïed, son limogeage était pour ainsi dire dans l’ordre des choses.

Il reste à s’interroger sur le prochain coup, sachant qu’Ennahdha veut avoir la peau de plusieurs autres membres du gouvernement, «mouch madhmounine» (dont l’allégeance n’est pas garantie, selon les termes chers à Ghannouchi) et compte gouverner par un rond de cuir nommé Mechichi interposé.

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