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Un dialogue national avec qui et pour quoi faire ?

Manifestations à Tunis le 23 janvier 2021.

Le dialogue national projeté n’aura de sens et d’utilité que s’il fait participer les jeunes et les représentants des mouvements sociaux actuellement en cours et cède pas aux chantages des forces politiques au pouvoir, depuis 2011, notamment les islamistes d’Ennahdha, qui ne cherchent qu’à prolonger leur règne et à remettre toujours à plus tard les décisions allant à l’encontre de leurs intérêts.

Par Mohamed Cherif Ferjani *

L’initiative de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) en faveur d’un dialogue national et toutes les initiatives allant dans le même sens doivent s’adapter à la nouvelle situation, prendre en compte les acteurs des soulèvements actuels et éviter d’apparaître comme un replâtrage du système et une opération de sauvetage d’Ennahdha et de ses alliés.

Mettre fin au système hybride qui paralyse le pays

Pour cela, les jeunes et les représentants des mouvements en cours doivent avoir leur place dans tout dialogue qui doit avoir des objectifs clairs dont, en premier lieu, l’adoption de mesures économiques et sociales urgentes à la hauteur de ce qu’exige la situation à l’origine du mouvement social actuel.

L’enjeu doit être la refonte du contrat social dans le sens de répondre aux aspirations sociales et démocratiques qui ont porté la révolution de 2010-2011 et qui ont été, jusqu’ici, complètement ignorées. De même, la révision de la constitution pour au moins mettre fin au système hybride qui paralyse le pays et les autres incohérences, la modification de la loi électorale sans revenir à la majorité absolue à deux tours, la mise en place de la Cour Constitutionnelle, la prise en compte des conclusions du rapport de la Cours des comptes concernant les dernières élections, doivent figurer dans l’ordre du jour d’un tel dialogue.

Il ne sert à rien de faire durer la crise

La réalisation de ces objectifs ne peut plus être confiée à une Assemblée des représentants du peuple (ARP) dominée par des groupes qui ne cherchent qu’à faire durer la partie en bloquant toute solution visant en à en sortir.

Ces questions doivent être tranchées, dans le cadre d’un tel dialogue, avant les prochaines élections. Il faut que l’UGTT et ceux qui soutiennent son initiative adoptent une position claire par rapport à ces objectifs et ne cèdent pas aux chantages de ceux qui ne cherchent qu’à prolonger leur règne et à remettre toujours à plus tard les décisions allant à l’encontre de ce qu’ils veulent.

* Professeur honoraire de l’Université Lyon2, président du Haut conseil scientifique de Timbuktu Institute, African Center for Peace Studies.

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