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Tunisie : Les chefs d’entreprise entre incertitudes et optimisme mesuré

En dépit de la gravité du contexte actuel et des effets de la pandémie de la Covid-19 sur l’activité économique en Tunisie, les chefs d’entreprise affichent un optimisme prudent quant aux perspectives 2021 et au rebond de l’activité économique, notamment de l’investissement. C’est ce qui ressort du dernier Baromètre de la conjoncture économique de la CTFCI.

La Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) a recueilli au courant de la période allant du 1er au 15 février 2021 l’avis de la communauté de ses adhérents sur l’environnement des affaires en Tunisie et sur leurs performances pour les années 2020/2021.

Le Baromètre de la conjoncture économique de la CTFCI, réalisé dans un contexte de crise sanitaire, de crise politique, de difficultés économiques et de tensions sociales récurrentes, se propose de mieux cerner les sources de compétitivité et de faiblesse de l’écosystème tunisien des affaires, telles que perçues par les adhérents de la CTFCI, d’avoir une appréciation sur l’impact de la situation politique, économique et sociale ainsi que le sentiment des chefs d’entreprise et sur l’attractivité du site tunisien.

Cette nouvelle vague du baromètre a été menée auprès de 145 entreprises adhérentes à la CTFC (75 dans l’industrie et 70 dans le secteur des services), dont 100 à participation française (soit 69%). Cet échantillon aléatoire est représentatif de la population d’adhérents de la Chambre.

Les résultats de cette enquête annuelle renseignent fort sur les attentes et les préoccupations de la communauté des affaires. En effet, en dépit de la gravité du contexte actuel et des effets de la pandémie de la Covid-19 sur l’activité économique dans le pays, les chefs d’entreprise affichent un optimisme prudent quant aux perspectives 2021 et au rebond de l’activité économique, notamment de l’investissement.

La relance de la croissance tributaire du renforcement de la stabilité politique

La reprise tant attendue et souhaitée reste néanmoins tributaire de la satisfaction d’un certain nombre de facteurs interdépendants.

En effet, la restauration de la confiance et la relance de la croissance restent tributaire, pour la majorité des chefs d’entreprise, au renforcement de la stabilité politique et à l’amélioration de la situation sanitaire et de l’environnement des affaires. Ces préalables sont à même de renforcer la confiance des opérateurs et de leur permettre d’avoir une meilleure visibilité pour tirer le meilleur parti du mouvement de relocalisation qui commence à se dessiner en Europe.

D’une manière générale, le baromètre de la CTFCI relève qu’en 2020, près de 57% des entreprises ont enregistré une baisse au niveau de leur chiffre d’affaires, 21% s’attendent à une stagnation et 22% prévoient une légère augmentation de leur revenu.

Une légère amélioration attendue en 2021

L’année 2021 se présente sous de meilleurs auspices avec une légère amélioration en perspective. En témoignent 35,6% des entreprises prévoient une hausse de leur CA, 33,6% une stagnation et 30,4% une baisse.

En matière d’investissement, l’année 2020 a marqué un véritable coup d’arrêt sous l’effet de la Covid-19 mais également de la situation politique et de la détérioration du climat des affaires.

Il ressort que 75% des entreprises ont procédé soit à une baisse ou une pause de leurs investissements et 25% ont fait de nouveaux investissements.

2021 marquerait peut-être un brin d’espoir dans la mesure où 38% ont l’intention d’investir et 62% restent dans une sorte d’expectative.

Il est important de relever que la Covid-19 a impacté sérieusement la situation de bon nombre d’entreprises. Cet impact a été pour 43,7% soit fort ou très fort, pour 40% moyen, 13% faible et 3% insignifiant.

L’impact de la crise sanitaire a été ressenti au niveau du chiffre d’affaires des entreprises, dont 80% se déclarent impactées à des degrés divers. Les effets de la Covid-19 ont particulièrement ressenti par les entreprises opérant dans les secteurs du tourisme, du transport, du textile et de l’aéronautique où 13% considèrent l’impact comme très fort. Il est à signaler que 20% seulement des entreprises sondées estiment n’être pas affectées par la pandémie.

En matière d’emploi, l’Impact de la Covid-19 a été diversement ressenti. Pour 57% des entreprises la Covid-19 n’a pas provoqué d’impact sur l’emploi. En revanche, 43% des entreprises ont été contraintes à réduire leurs effectifs (licenciements, arrêt CDD, départ volontaire, retraite anticipée…). 3% seulement des entreprises qui opèrent surtout dans les secteurs du tourisme, du transport, du textile ou de l’aéronautique jugent cet impact sévère.

Le site Tunisie reste encore relativement attractif

Pour ce qui concerne les facteurs de compétitivité du site tunisien des affaires, les entreprises craignent le plus, au cours des douze prochains mois, trois facteurs. Pour 77,1% des entreprises le premier risque qu’elles redoutent concerne l’instabilité politique, pour 75% le deuxième risque se réfère au prolongement de la crise sanitaire et pour 47,9% l’instabilité fiscale est perçue comme une source de blocage.

Au sujet du positionnement de la Tunisie en tant que site potentiel de relocalisation pour les entreprises françaises, 52% des entreprises jugent la Tunisie ou bien très attractive ou moyennement attractive, de l’autre côté 48% pensent que le site tunisien des affaires a perdu significativement de son attractivité.

Enfin, pour ce qui concerne la relation entreprise-administration, les réponses recueillies n’ont pas beaucoup surpris. Ce sont les mêmes structures administratives qui sont jugées encore moins performantes et moins transparentes. Dans le classement des administrations les moins performantes, le peloton de tête est occupé par les services de la fiscalité. 40% des entreprises déplorent la qualité des services qui leur sont rendus et leur extrême enchevêtrement.

Viennent en deuxième position, les services de la douane. 30% des entreprises sondées jugent négativement la complexité des procédures et leur manque de transparence. Enfin, la CNSS ferme ce classement avec 12,5% d’entreprises qui marquent leur insatisfaction des services qui leur sont rendus par cette institution.

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