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Kaïs Saïed, un président qui ne sait pas compter

Kaïs Saïed examinant les plans du Centre médical promis aux Kairouanais. Espérons qu’il l’inaugurera avant la fin de son mandat en 2024.

Quand il est emporté par sa rhétorique, le président Kaïs Saïed ne résiste pas aux formules toutes faites, même si elles sont insensées, ou complètement loufoques. Hier, samedi 27 février 2021, lors de sa visite à Kairouan, il a tout simplement nié l’évidence : la Tunisie n’est pas au chapitre de la banqueroute. Il parlait deux jours après la dégradation de la note souveraine du pays par Moodys à B 3 avec perspective négative.

Par Imed Bahri

C’est, rappelons-le, la huitième dégradation depuis 2011. Et tout indique qu’il y aura, dans quelques mois, une neuvième, et qui constituera le coup de grâce en classant la Tunisie dans le club très restreint et si peu fréquentable des pays à haut risque pour les investisseurs.

Imperturbable et ne se doutant de rien, M. Saïed poursuit sa guéguerre habituelle contre les moulins à vent. Hier, avec la solennité habituelle d’un roulement de tambour, il a déclaré : «La Tunisie n’est pas en faillite comme ils disent; elle fait face à une faillite politique et non matérielle». De quoi donner de faux espoirs aux Tunisiens, surtout en leur promettant monts et merveilles, comme il l’a fait hier, en parlant d’un TGV qui relierait le territoire tunisien de l’extrême-nord à l’extrême-sud ou du Centre médical Al-Aghalba, à Menzel Mehiri, à Kairouan, qui serait érigé sur une superficie de 563 hectares et créerait 41.000 emplois dans un premier temps pour atteindre à terme 50.000.

Quand on connaît l’état actuel des finances publiques, l’Etat tunisien devant mobiliser dans les prochaines semaines 20 milliards de dinars pour boucler son budget de l’année en cours, alors que sa notation souveraine est très mauvaise et que son endettement approche de 90% du PIB et pourrait dépasser 100 % d’ici la fin de l’année, on peut se demander si M. Saïed vit vraiment avec nous ou s’il comprend quelque chose à l’économie, lui qui, à l’instar de la plupart de ses compatriotes, aime dépenser l’argent qu’il ne possède pas.

À l’évidence, le président de la république ne sait pas compter et ne comprend rien à l’économie, et plus grave encore, il ne croit pas devoir s’entourer de quelques bons conseillers dans ce domaine. D’ailleurs, près d’un an et demi après son investiture, ses activités à caractère économique se comptent sur les doigts d’une seule main. C’est à peine si cet idéaliste, dont la rigidité morale semble être son unique qualité, ne méprise pas tout ce qui se rapporte à l’argent, y compris celui dont on a besoin pour manger, se vêtir, se soigner et s’éduquer. D’ailleurs, on ne l’a presque jamais vu recevoir des opérateurs économiques ou même parler d’économie… quitte à se boucher le nez !

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