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Ahmed Safi Saïd : «Le mouvement Echaab, ce sont des bédouins»

Zouhair Maghzaoui / Ahmed Safi Said.

Avec Ahmed Safi Saïd, qui n’est pas un enfant de chœur, la vengeance est un plat qui se mange froid voire même surgelé. Ce dernier, utilisé et trahi par le mouvement Echaab, entend les régaler avec ce plat. Le grand déballage se poursuit et Saïd ne rate plus une occasion pour révéler les éléments prouvant que ce parti n’est qu’un pare-choc de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) aux ordres du secrétaire général de la centrale syndicale Noureddine Taboubi et de son entourage et pour démasquer les mensonges des cadres du parti nationaliste arabe. Vidéo.

Par Imed Bahri

Dans une interview sur les ondes de Radio Med, mercredi 31 mars 2021, le député indépendant d’obédience nationaliste arabe a poursuivi sa guerre ouverte contre le parti de la même mouvance Harakat Echaab (Mouvement du Peuple) et qui a éclaté vendredi 26 mars lorsqu’il s’est lancé dans une tirade violente et homérique contre les dirigeants de ce parti.

Des «gamins qui ne savent pas respecter les grands»

Le journaliste devenu député, qui ne cache pas son ambition présidentielle et qui fait de l’hostilité à Kaïs Saïed sa nouvelle ligne politique, entend d’abord régler ses comptes avec les dirigeants du mouvement Echaab, qui soutiennent ce dernier et qu’il a déjà qualifié de «gamins qui ne savent pas respecter les grands», comme lui, serions-nous tentés d’ajouter pour mieux préciser sa pensée. Il les avait également qualifié d’«organisme dépendant de l’UGTT», ce qui est un secret de polichinelle, révélant aussi que Noureddine Taboubi lui demandait à plusieurs reprises et avec insistance en 2019 de faire campagne pour Zouhair Maghzaoui, secrétaire-général du mouvement, dont Saïd à révélé qu’il était employé de l’UGTT, et Haykel Mekki.

Dans l’interview accordée à Radio Med, le journaliste parle des visites de Samir Cheffi, secrétaire-général adjoint de l’UGTT, accompagné par Zouhair Maghzaoui, et leur teneur. Ce dernier étant un ancien employé de l’UGTT, ouvertement appuyé par Taboubi et très proche de Cheffi, il n’y a plus l’ombre d’un doute que son parti est un jouet entre les mains de l’UGTT et de son secrétaire-général, lui-même membre… du mouvement Echaab.

Le député à l’accent levantin, faut-il le rappeler, partage un point commun avec Zouhair Maghzaoui : les deux sont de grands amis de l’affairiste Chafik Jarraya, incarcéré depuis mai 2017 et poursuivi dans des affaires de corruption. Et dire qu’aujourd’hui, M. Maghzaoui joue au chevalier blanc de la lutte contre la corruption aux côtés de Kaïs Saïed. Mais ça c’est un autre sujet!

Ahmed Safi Saïd déclare sur les ondes de Radio Med: «Ils m’accusent d’avoir été acheté par Ennahdha, ils m’ont connu aujourd’hui? Pourquoi Ennahdha ne m’a pas acheté avant alors? Ils disent qu’ils ont 120 bureaux dans le pays et Maghzaoui est un menteur. Ils n’en ont pas 120 bureaux, je n’en connais qu’un seul à Métouia (ville du gouvernorat de Gabès, Ndlr) et pour y accéder il y a quatre marches et chacune fait un mètre de hauteur, quand tu montes ou que tu descends, tu dois être soutenu par deux personnes pour ne pas tomber. Et s’ils avaient 120 bureaux comme ils prétendent, admettons que chaque bureau coûte 1000 dinars par an entre factures, gardien et tous les frais, ça donnera 120.000 dinars alors ils ont les moyens! Ils disent m’avoir offert 11.000 parrainages (pour la candidature à la présidentielle de 2019, Ndlr), ce n’est pas vrai. Ils m’en ont ramené seulement 2700 que je n’ai pas utilisés, car ils sont fallacieux. Ils disent qu’ils m’invitent et m’offrent à déjeuner et à dîner. C’est déplacé de dire ça! D’autant plus que c’est moi qui paye les voitures, le carburant et les hôtels…» Ambiance…

Des bédouins divisés en deux tribus qui se chamaillent tout le temps

Revenant à Zouhair Maghzaoui, Saïd dit: «Je ne lui ai pas demandé de me soutenir et vous allez voir, il y aura une scission au sein du mouvement Echaab… Maghzaoui accompagné de Samir Cheffi sont venus me voir et m’ont promis qu’après les élections aucun pas dans les négociations ne se fera sans moi, comme ça!» La journaliste lui rappelle qu’ils lui reprochent son rapprochement d’Ennahdha, ce à quoi Ahmed Safi Saïd répond en rigolant: «Mais eux, ils ont négocié avec Ennahdha et ont même gouverné avec ce parti», par allusion au gouvernement Elyes Fakhfakh.

Poursuivant sa rafale sur sa nouvelle tête à claques, Ahmed Safi Saïd déclare: «Ce Maghzaoui dit que je veux devenir ministre d’Ennahdha. D’abord si je le voulais, je n’ai pas besoin d’eux pour le devenir et ensuite, je n’ai pas besoin de devenir ministre, ‘‘ena mabsout’’ (expression levantine voulant dire que sa situation est confortable, Ndlr), pourquoi devenir ministre, pour se faire humilier! En plus, mon langage n’est pas celui d’un ministre, un ministre ne parle pas comme moi. Moi je suis un homme qui a une parole libre. Je suis entré dans les arcanes de ce parti (Echaab, Ndlr), je l’ai vu de l’intérieur, ce sont des bédouins. Des bédouins divisés en deux tribus qui se chamaillent et se bagarrent tout le temps. Un clan de Gafsa et un clan du sud-est».

Saïd poursuit en interpellant ses désormais ennemis : «Vous avez peur que je vous prenne votre parti, je n’en ai pas besoin et je ne construis pas sur l’ancien. Est-ce qu’il y a un nationaliste arabe qui passe sa vie à parler de Zarzis (il parle de Salem Labiadh, député Echaab, Ndlr), le seul livre qu’il a écrit c’est sur les Akkara (tribu de Zarzis, Ndlr). C’est un nationaliste arabe ça? Le nationalisme arabe c’est de la stratégie, de la géopolitique et des intérêts, que j’ai enseigné à leurs jeunes dans des conférences en 2014, 2015 et 2016. Je ne parle pas des tribus moi. Moi je résumais chaque semaine un livre pour Georges Habache (fondateur du nationalisme arabe et du parti Baas, Ndlr). Un irakien résumait ses livres en anglais et moi je les résumais en français», a conclu Ahmed Safi Saïd, revendiquant le profil d’un théoricien de ce mouvement qui a donné aux Arabes leurs pires dictateurs de Saddam Hussein à Mouammar Kadhafi en passant par Hafedh et Bachar Al-Assad. Mais cela ne semble pas déranger outre mesure ni Ahmed Safi Saïd, ni ses adversaires du jour.

Vidéo.

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