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Les Américains ont «compris» Saïed, maintenant il doit passer à l’acte

La délégation de congressmen américains qui a été reçue au palais de Carthage par le président de la république, samedi 4 septembre 2021, pour discuter de l’avenir de la démocratie dans la Tunisie post 25 juillet 2021, a fait l’effort d’entendre les explications de Kais Saied et dû probablement mettre de l’eau dans son vin. Mais les choses ne doivent pas s’arrêter là…

Par Raouf Chatty *

Pragmatique et réaliste, la délégation parlementaire américaine s’est rendu compte, avant même de débarquer à Tunis, que les masses populaires et l’essentiel de la classe politique ne voyaient pas d’un bon œil sa visite, perçue comme une ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie, et, plus grave encore, comme un appui au mouvement Ennahdha, en dépit de son vaste rejet par le peuple.

Le parti islamiste tunisien a mené une vaste campagne de lobbying aux États-Unis contre les décisions du président annoncées le 25 juillet dernier en les assimilant à un putsch contre la Constitution.

Le réalisme des Américains a prévalu

Il ressort des tweets de Chris Murphy, le chef de la délégation américaine, à sa sortie de l’audience avec le président de la république, que la délégation a insisté sur l’urgence de revenir au processus démocratique et de mettre fin à l’état d’urgence, ajoutant que le seul intérêt des États-Unis est de promouvoir une démocratie et une économie saines en Tunisie. Washington ne favorise aucune partie sur une autre et n’a pas intérêt à privilégier une réforme sur une autre, a-t-il aussi expliqué. C’est aux Tunisiens que revient la tâche de décider de ces questions.

Lus avec beaucoup d’attention, ces tweets renseignent très bien sur le réalisme des Américains. La délégation a bien compris le message envoyé par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), poids lourd sur la scène politique nationale, le Parti destourien libéral (PDL), qui a le vent en poupe dans les sondages, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), le Conseil de l’ordre des avocats tunisiens (COAT)… qui ont décliné l’invitation de l’ambassadeur américain pour prendre part à une table-ronde avec la délégation américaine pour discuter de le «la démocratie et de l’avenir politique de la Tunisie».

La délégation était visiblement sensible au pouls du peuple et aux arguments de ces parties qui ont justifie leur refus de participer à la réunion, mettant l’accent sur la nécessité absolue de respecter la souveraineté nationale de la Tunisie, se prononçant contre toute ingérence extérieure dans les affaires intérieures du pays et insistant sur l’indépendance de la décision nationale, et sur la nécessité de résoudre les problèmes internes dans un cadre tuniso-tunisien.

La crédibilité du président Saïed est plus que jamais en jeu

La rencontre de la délégation américaine avec les quatre parlementaires qui ont accepté l’invitation de l’ambassadeur, à savoir les représentants respectifs du parti islamiste Ennahdha, de son associé parti Qalb Tounes, de Tahya Tounes et du Bloc national, lui a permis de prendre la véritable mesure des choses, et surtout de se rendre compte que les arguments de ces parties étaient loin d’être solides et pratiquement en porte-à-faux avec la volonté des masses populaires qui ont approuvé massivement les décisions historiques prises par le président Saïed dans le droit fil des attentes légitimes du peuple qui a signifié son rejet total de l’islam politique et son incarnation en Tunisie, le parti Ennahdha. et des députés corrompus.

Maintenant, il appartient au président Saïed, qui a exprimé à la délégation son attachement à la légitimité populaire, à la démocratie, à l’Etat de droit et à la primauté de la loi et qui a souligné sa détermination à combattre la corruption, à capitaliser sur ce succès et à tirer profit du capital confiance dont il jouit actuellement pour passer sans délai à l’acte et présenter sa feuille de route à la nation, avant que ce capital ne s’effrite au fil des jours.

La nation doit rester toujours la référence et la source dans toutes les actions politiques que le chef de l’Etat envisage de mettre en place. Car,, au-delà des contingences du moment, seule la volonté du peuple souverain prévaudra au final… Mais cela devrait l’inciter à agir très vite, sa crédibilité étant plus que jamais en jeu, d’autant plus que cette chance ne risque pas de s’offrir à lui une autre fois.

* Ancien ambassadeur.

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