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Tunisie – Turquie : Le commerce inégal, le commerce illégal…

Comme leur président Erdogan, les Turcs sont expansifs : non contents d’avoir pris la place des Tunisiens en Libye, ils sont en train d’occuper commercialement la Tunisie.

La Turquie est le second déficit commercial de la Tunisie pour les 10 premiers mois de 2021, avec un taux de 16% du déficit global, après la Chine (38%). Ce déficit structurel qui dure depuis de nombreuses années s’explique par l’échange très inégal entre les deux pays qui, lui aussi, est le résultat de pratiques commerciales illégales. Explications…

Par Samir Gharbi

Je vous ai déjà parlé du commerce irresponsable. Depuis une dizaine d’années, une nouvelle «faune» d’intermédiaires a profité du libéralisme ambiant pour créer des entreprises d’import en Tunisie et d’export en Turquie. Les sociétés appartiennent souvent aux mêmes personnes. Plus malin qu’elles tu meurs ! L’entreprise X, basée en Turquie, vend à une entreprise Y, basée en Tunisie. Ce que les gens ordinaires ne savent pas, c’est que X et Y sont kif-kif ! Ce système permet de jouer sur la facturation, les marges… et de s’en mettre plein les poches…

Dans un pays «normal», cet échange est purement et simplement illégal. Mais, tant avec la Chine qu’avec la Turquie, la Tunisie était un État où le droit ne s’appliquait pas à tous et où la supervision (douanière, fiscale, bancaire) ne joue pas sont rôle d’alerte…

Résultat : le commerce inégal. La Turquie a pu inonder la Tunisie de ses produits, au détriment des producteurs locaux. Ceux qui souffrent le plus sont les fabricants de textiles, de plastiques, de quincailleries et autres produits courants : l’électroménager, les détergents et même – à ma grande surprise – l’alimentaire. Les Tunisiens mangent les brioches et mâchent le chewing-gum made in Turquie, souvent sans le savoir… Sans parler des jus de fruits, des sauces, de la margarine, de la gélatine, des biscuits, des glibettes et autres fruits secs ! Les normes sanitaires sont la plupart du temps non contrôlées.

J’ai choisi l’année 2019 pour deux raisons : les statistiques douanières sont disponibles et c’est une année record pour les importations tunisiennes : 2,9 milliards de dinars, contre 0,4 milliard en exportations, soit un déficit de 2,5 milliards, autant de sortie de devises de la Tunisie vers la Turquie.

J’ai compté 2 265 lignes de produits. Il n’y a pas un segment du marché tunisien qui n’a pas été impacté.

J’ai synthétisé les importations sous forme d’une infographie et j’ai groupé les produits alimentaires en 40 catégories…

Qu’a vendu la Tunisie à la Turquie cette même année 2019 ? Une bagatelle : 396 millions de dinars, dont des engrais (175 millions), des appareils d’optique (72), du plastique (20), des appareils électriques (18) et des fruits (15). Point d’huile d’olive, ni de dattes… Les Turcs n’en veulent pas, même pas pour la salade ou le dessert !

Importations tunisiennes de la Turquie (2019).

Les 40 produits alimentaires importés de la Turquie en 2019

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