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Essid: «La Grande Bretagne doit aider la Tunisie dans sa lutte anti-terroriste»

Habib-Essid

Habib Essid rappelle la responsabilité de la Grande Bretagne dans le chaos libyen, source d’instabilité pour la Tunisie.

Dans une interview, publiée jeudi 6 août 2015 par le quotidien britannique ‘‘The Independent’’, le chef du gouvernement a mis en garde contre toute intervention militaire en Libye, appelant plutôt à une solution politique de la crise que travers ce pays en proie à la guerre civile et miné par la montée de l’activisme extrémiste, notamment celui des groupes jihadistes de l’Etat islamique (EI, Daêch) et Al-Qaida.

Adressant un message direct aux pays européens et à l’Occident, en général, M. Essid a rappelé cette vérité simple selon laquelle le danger terroriste n’est pas le problème d’un seul pays: «Il ne s’agit pas d’un problème national. C’est un phénomène qui n’a pas de frontières. Par conséquent, assister la lutte anti-terroriste en Tunisie reviendrait de toute évidence à se défendre soi-même (l’Europe et l’Occident, Ndlr).»

Il a expliqué que le désordre qui règne aujourd’hui en Libye – un pays divisé entre ses régions orientale et occidentale, entre un gouvernement reconnu et un autre non reconnu par la communauté internationale – reste, dans une très large mesure, le produit direct de l’intervention menée, en 2011, par des pays comme la Grande Bretagne et la France.

M. Essid s’est voulu clair à ce propos: «Nous nous opposons à toute intervention militaire en Libye. Nous estimons que la situation actuelle en Libye est le résultat de ce qui s’est produit en 2011, c’est-à-dire qu’il est la conséquence de l’intervention militaire qui a généré le chaos auquel nous assistons aujourd’hui.»

Interrogé sur le rôle que la Grande Bretagne et la France peuvent jouer dans la sécurisation des frontières de la Tunisie avec la Libye, M. Essid a déclaré: «Elles ont une responsabilité de premier ordre, car le terrorisme n’a pas de frontières.»

Police-touristique

Un dispositif sécuritaire mis en place pour protéger les sites touristiques après l’attentat de Sousse.

Au sujet de la décision que Londres a prise d’interdire aux ressortissants britanniques tout déplacement en Tunisie, M. Essid a reconnu qu’il comprenait tout à fait «les raisons qui ont pu pousser le gouvernement du Royaume-Uni à adopter pareille attitude», mais il a rappelé que cette interdiction de voyages a porté sérieusement atteinte à l’économie de la Tunisie, pays qui compte beaucoup sur les revenus que lui rapporte l’industrie du tourisme: «Il y a cette épineuse question de l’avertissement contre le voyage (imposée par le gouvernement de David Cameron aux touristes britanniques souhaitant se rendre en Tunisie, Ndlr). Nous comprenons parfaitement cette réaction. C’est une décision qui a été prise par un pays souverain et nous la respectons sans aucune réserve. Cependant, alors que nous ne contestons d’aucune manière cette décision, force est de constater, également, qu’elle a eu un impact négatif (sur l’économie tunisienne).»

Marwan Chahla

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