Dimanche dernier, à l’Acropolium de Carthage, un programme brodé de fils d’or, des solistes de haute valeur, une soirée sans nuages et un public est aux anges.
Par Anouar Hnaïne
Ici on les a toujours associé : Roberte Mamou, pianiste qui n’a jamais disparu des radars de l’Octobre musical de Carthage depuis 21 ans, et Justus Grimm, violoncelliste «semi pensionnaire».
Les astres du romantisme
Ces deux virtuoses sont à l’aise aussi bien dans le registre classique que romantique. Pour la soirée du dimanche 18 octobre, ils ont choisi un programme dédié à la période essentiellement romantique, des morceaux composés entre 1780 et 1889, Robert Schumann (1810-1856), César Franck ( 1822-1890) et Johannes Brahms (1833-1897), autant dire que les astres du romantisme sont en visite à Carthage.
Olivier Charlier et Roberte Mamou.
Les deux musiciens se sont enrichis de la présence de Olivier Charlier, violoniste, et de Ning Shi, altiste belge d’origine chinoise.
Trois morceaux éminemment romantiques. Ouverture avec ‘‘Cinq pièces dans le ton populaire Op. 102 pour violoncelle et piano’’ de Robert Schumann. Comme son nom l’indique, ce sont des mouvements inspirés du folklore populaire. Assez gais, signalés «Humour, lentement, pas si vite à jouer, pas trop vite et fort marqué», selon les indications du compositeur. Roberte Mamou nous dira que «c’est pour ce côté léger, guilleret» qu’elle a choisi ce morceau. Elle y va avec un timbre clair. Justus, cheveux en bataille, donnant face au public, se montre illustratif, coups d’archet brefs ou longs, il garde la tête baissée fixant ses cordes, bouillant, passionnant. Le public applaudit.
Place à Franck, une ‘‘Sonate en La majeur pour violon et piano’’. Quatre mouvements: Allegro ben moderato, Allegro, Recitativo fantasia, ben moderato et Allegro poco mosso.
Mamou est accompagnée au violon par Olivier Charlier, un habitué de l’Octobre. La sonate est l’une des plus connues du répertoire pour violon et piano. Il en existe près de 180 enregistrements. Composée en 1886, elle est dédiée à son gendre le violoniste Eugène Ysaye pour son mariage. Autant dire qu’on est en famille. Un choix judicieux. «Cette sonate est, disons, un tube. Tout le monde la connait. Le public va s’en régaler», commente Mamou.
Roberte Mamou et Justus Grimm.
Olivier Charlier s’y plonge avec beaucoup d’ardeur, saut d’un thème à l’autre avec des mouvements d’archet démonstratifs, dynamiques. Il transforme la sonate en séquences visuelles. Enchantement du public qui ovationne debout. Entracte…
Des solistes de haute valeur
Retour sur scène, ils sont prêts, au complet avec le jeune Ning Shi à l’alto, ravis d’être là devant le public acquis. Départ pour le ‘‘Quatuor pour piano et cordes en sol mineur n°1 op25’’. ‘‘Aimez-vous Brahms’’, le roman (Françoise Sagan, 1959), le film (A. Litvak 1961) et la musique du film ont transformé le compositeur en vedette, soit, mais ici on est dans le monde des cordes, des sons et des timbres. Quatre mouvements : Allegro, Intermezzo (Allegro ma non troppo) Andante con moto et Rondo alla zingarese : presto.
Olivier Charlier au violon.
Composé en 1861, le ‘‘Quatuor’’ est crée en 1863 à Hambourg avec Clara Schumann (1819-1896), la femme de son idole Robert Schumann, là aussi on est en famille. Et la famille s’agrandit avec le public qui applaudit à tout rompre. Il faut dire que le rondo zingarese, inspiré des chants tziganes dont Brahms s’inspire parfois sont palpitantes, emportés. Un programme brodé de fils d’or, des solistes de haute valeur, une soirée sans nuages. Le public est aux anges.
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