Des artistes du monde se sont donné rendez-vous, 5 jours durant, dans la Médina de Tunis, pour y puiser leur inspiration et l’animer de leurs créations.
Reportage et photos de Fawz Ben Ali
Du 4 au 8 novembre, la Médina de Tunis était à l’honneur dans le cadre de la 5e édition de la biennale d’art contemporain Dream City. Un grand nombre de visiteurs de tous âges sont venus participer à cette manifestation artistique singulière.
Munis d’une carte de la Médina, les participants ont arpenté les ruelles et suivi les itinéraires menant aux différentes expositions et manifestations, aidés la plupart du temps par les commerçants et les habitants médinois, qui ont pris plaisir à guider ce curieux public.
Un parcours exploratoire de la mémoire
Afin d’investir les moindres recoins de la vieille cité, les différentes œuvres étaient disséminées sur tout le faubourg sud de la Médina, allant de la rue du Tribunal, passant par Souk El Attarine, rue Bach Hamba, Tourbet El Bey, et jusqu’au Boulevard Bab Menara et Souk El Asr.
L’objectif de ce long tour était avant tout d’explorer par soi-même ce lieu riche et unique par son patrimoine, son architecture authentique et son histoire porteuse de mémoire collective. Ainsi, chacun vit sa propre expérience sur les traces, les histoires et les légendes qui trainent dans les rues, ce qui va de pair avec la rencontre des artisans, des habitants afin de comprendre leur mode de vie et leur manière de penser.
Autours du thème «Art et lien social», les artistes de cette année ont créé leurs œuvres de manière contextuelle afin qu’elles soient un reflet et une continuité de leur environnement à travers un travail de terrain mettant la lumière sur la singularité de l’histoire et de la population de la Médina.
Créations multiformes et extrêmement personnelles
Des questions sociales et politiques majeures ont été abordées en cette 5e édition à travers des créations multiformes et extrêmement personnelles.
L’intérêt commun des deux artistes Leïla Soliman (Egypte) et Ruud Gielens (Belgique) pour les questions sociales les a portés à imaginer un musée du système sécuritaire de l’Etat, à la Caserne El Attarine. Un projet documentaire multidisciplinaire mélangeant imagination artistique et expériences réelles de citoyens ayant côtoyé la police politique pour donner aux visiteurs un aperçu du système sécuritaire de l’ancien régime et de ses répercussions sur le peuple tunisien.
Un autre musée figurait sur le parcours de Dream City, il s’agit du musée éphémère du tatouage «Oucham», conçu par le photographe tunisien Wassim Ghozlani, qui, dans une recherche à la fois esthétique et documentaire, a proposé un nouveau regard sur la pratique passée des tatouages berbères et la pratique contemporaine des tatouages chez les jeunes de la Médina. A travers plusieurs médiums (illustrations, photographies, vidéos, impressions 3D), il a offert un éclairage sur l’ethnologie, l’anthropologie et la sociologie du tatouage, ainsi que son évolution moderne.
Se réapproprier l’espace d’une ville
Différentes expositions de peinture et de photographie étaient également programmées à Palais Kheiderrine. Devant l’objectif de la photographe tunisienne Faten Gaddes ont défilé les différents personnages qu’elle a côtoyés durant son séjour à la Médina.
Cette aventure a donné lieu à la série «Mon Tunis», un hommage rendu à l’époque de la photo de studio à travers des portraits de la société tunisienne actuelle.
Le cinéma était également présent durant l’événement avec les deux courts métrages de Hichem Ben Ammar : ‘‘Papa est en voyage’’ et ‘‘Jamila et le Djin’’. Entre fiction et documentaire, les habitants, commerçants, artisans et enfants des quartiers populaires ont pu s’exprimer en tant qu’acteurs et scénaristes, encadrés par des professionnels du cinéma.
Les soirées de Dream City étaient dédiées à la musique avec les «Dream concerts». Chaque soir le public avait rendez-vous avec des musiciens et des groupes de différents univers (Soundfield, Harba, Denya Okhra…).
A travers une expérience contemporaine enracinée dans un patrimoine culturel mondial, Dream City a su se réapproprier la ville et a fait l’éloge du collectif, du partage et du décloisonnement de la culture.
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