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Poésie et politique : Sghaier Ouled Ahmed et la cacophonie funèbre

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Hamma Hammami accompagne le poète à sa dernière demeure.

Aussitôt le décès du poète Sghaier Ouled Ahmed annoncé, voilà que les postures se multiplient de ceux qui cherchent à récupérer ce triste événement.

Par Salah El Gharbi

Il est incontestable que la disparition de Sghaier Ouled Ahmed, un grand poète emblématique et un intellectuel brillant, soit une perte pour le monde de la culture. Cet homme restera, bel et bien, une des figures les plus marquantes de la poésie contemporaine.

Toutefois, autant l’homme, de son vivant, était humble, fin lettré, rigoureux dans le choix des mots, autant les hommages qui lui ont été rendus étaient excessifs, démesurés… Aussi avons-nous assisté, depuis quelques jours, à travers les medias, à une surenchère verbale, à une avalanche de louanges dithyrambiques, qui auraient choqué l’intéressé.

Ainsi, aussitôt le décès annoncé et voilà que les postures se multiplient de ceux qui cherchent à récupérer ce triste événement… Voilà que le ministre de l’Education, comme à l’accoutumée, qui surfe sur la vague et décide d’attribuer le nom du défunt à un lycée… Louable initiative, certes, mais qui aurait dû être annoncée avec moins d’emphase et de recherche de l’effet d’annonce.

Certains vont même jusqu’à demander on érige en l’honneur du poète une statue en face du théâtre municipal de Tunis… Pourquoi pas, mais combien de statuts aurions-nous dû déjà ériger à nos illustres disparus : de Kheireddine Pacha à Aboul Kacem Chebbi, de Farhat Hached à Tahar Haddad…

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Mohsen Marzouk et Sghaier Ouled Ahmed: des amis de 30 ans…

Sans compter les journalistes qui sautent sur cette opportunité pour rivaliser d’éloquence dans l’espoir de chatouiller nos oreilles avec les boursouflures rhétoriques de leurs «compositions»

Il est vrai que la démesure est notre lot. On ne sait qu’aimer à l’excès et haïr à l’excès. La rigueur nous est étrangère. Dans une pareille occasion, pour célébrer un aussi grand poète, on aurait aimé que l’oraison funèbre fût dite par un homme de culture et non pas un politique dont le souci majeur serait de profiter de l’événement et de s’offrir une tribune pour améliorer son image. On aurait aimé écouter la voix des poètes nous confier avec des mots simples et justes, les qualités de ce poète, loin des scories et des lieux communs mal inspirés.

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