Le projet de culture de la canne pour l’extraction du bioéthanol à Kairouan, lancé par la société tuniso-italienne ICL-Tunisie, suscite des inquiétudes parmi les experts.
Le contrat de réalisation de ce projet a été signé, le vendredi 26 février 2016, à Tunis, entre le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim, et la gérante de la société mixte tuniso-italienne ICL-Tunisie, promotrice du projet, Lucia Galbati.
Selon nos sources, la société a déjà eu toutes les autorisations pour la culture de la canne de Provence ou bambou (nom scientifique: Arundo donax) dans la région de Sbikha, une espèce réputée «envahissante», pour une production de biocarburant.
La société va planter 2000 ha au départ avant de s’étendre à d’autres régions pour atteindre 12.500 ha minimum.
Selon Mohamed Elyes Kchouk, chercheur au Centre de Biotechnologie de Borj Cedria, «cette culture ne présente aucun avantage en terme de création d’emploi malgré les dires de la société, qui parle de 4000 emplois, ni de production de carburant pour la Tunisie».
«La région souffrait déjà de l’introduction d’une autre espèce envahissante (la morelle jaune) et risque de détruire plus de terres ce qui réduirait les ressources des habitants de la région», ajoute M. Kchouk.
Beaucoup d’experts agronomes s’opposent également farouchement à l’introduction de l’Arundo donax, en raison des dommages que causerait cette culture pour l’agriculture, le sol et les cours d’eau.
Les experts appellent les autorités à lancer une étude sur les risques que pourrait générer l’introduction de cette plante avant d’envisager sa culture à grande échelle.
Reste que la Tunisie ne dispose d’aucune réglementation qui interdirait cette introduction, la loi sur la biosécurité n’ayant pas encore été promulguée. Ce qui complique le problème.
I. B.
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