L’élection de Abdelkarim Harouni à la présidence du conseil de la choura d’Ennahdha prouve, s’il en est encore besoin, que le mouvement islamiste tunisien est fondamentalement radical.
Abdelkarim Harouni, faucon parmi les faucons, ami des salafistes, qui a défendu les auteurs de l’attaque terroriste de Soliman (décembre 2006-janvier 2007) et frayé avec les Ligues de protection de la révolution (LPR), des milices islamistes violentes dissoutes en 2014 par décision de justice, a remporté, samedi, le suffrage de ses «frères musulmans», qui l’ont préféré à 3 autres candidats, apparemment moins extrémistes et plus avenants : Abdellatif Mekki, Fathi Ayadi et Abderraouf Najjar.
Cette élection prouve qu’au-delà des déclarations lénifiantes et vaguement modérées de certains de ses dirigeants hyper-médiatisés, le mouvement islamiste tunisien demeure fondamentalement radical voire extrémiste, à l’image du nouveau président de son conseil de la choura.
Pour donner le ton de son mandat à la tête du Politburo d’Ennahdha, Abdelkarim Harouni a déclaré, samedi, qu’«il est indispensable de prendre en considération le poids politique» du mouvement Ennahdha, formation désormais majoritaire au parlement après la débandade de Nidaa Tounes, dans la composition du prochain gouvernement d’union nationale, qui sera formé sur la proposition du président de la république Béji Caid Essebsi.
«Ennahdha soutient l’initiative du président de la république et les concertations se poursuivront au sein du conseil de la choura sur la composition de ce gouvernement d’union nationale et son programme d’action», a-t-il encore précisé, dans une déclaration à l’agence Tap, comme pour souligner qu’Ennahdha compte peser sur les négociations pour la formation du prochain gouvernement et y être plus fortement représenté. Il a beaucoup d’incompétents et de bras cassés à placer dans les hautes fonctions d l’Etat…
Comme pour montrer que la donne a changé et que la débandade d’Ennahdha, après sa sortie du gouvernement en janvier 2014 et son semi-échec aux législatives de novembre de la même année, font déjà partie du passé et sont oubliés, le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, est monté lui aussi au créneau pour déclarer à l’agence Tap que son mouvement doit être représenté dans le prochain gouvernement «en fonction de son poids électoral».
Voilà qui donne toute sa portée suicidaire à la proposition de M. Caïd Essebsi, présentée au moment où Nidaa Tounes, le parti victorieux des législatives de 2014, a implosé et traverse une grave crise de légitimité. Le pire est encore à venir…
Imed Bahri
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