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Attentat de Nice: Pourquoi le monde est-il si vulnérable au «terrorisme low-tech»?

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L’attentat de Nice de jeudi est venu rappeler au monde moderne que des dégâts terribles peuvent être causés par l’utilisation d’un élément aussi anodin et aussi familier qu’un camion frigorifique…

Par Mark Briskey *

Une fois encore, la France a été la cible d’une attaque terroriste meurtrière. Un fou furieux Tunisien du nom Mohamed Lahouij Bouhlel a lâché son 19 tonnes, à Nice, sur la foule (française et étrangère) qui prenait du bon temps ce soir du 14 juillet 2016. Bilan: 84 morts, plus de 200 blessés – provisoirement.

Pour l’instant, plusieurs questions sur cette tuerie, sur l’auteur du massacre et sur les possibles commanditaires de ce crime à grande échelle, restent sans réponse. Une certitude, cependant, s’impose: le carnage de Nice administre la preuve supplémentaire qu’un simple et ordinaire engin motorisé, tel qu’un camion, qui sillonne, nuit et jour, les rues et les routes des villes et des villages du monde peut aussi être terriblement dévastateur.

Une histoire longue

Bien que les premiers éléments de l’enquête indiquent que le tueur ait également utilisé une arme à feu, il semble évident que la mort du plus grand nombre des victimes de la Promenade des Anglais ait été causée par la folle chevauchée du 19 tonnes que le terroriste, chauffeur-livreur, a loué pour commettre ses crimes.

L’utilisation de véhicules motorisés pour donner la mort en masse est une histoire ancienne. Le camion piégé de Timothy McVeigh a tué, en avril 1995, 168 personnes à Oklahoma City, aux Etats-Unis. Et, il y a quelques semaines, un camion bourré d’explosifs a mis fin à la vie de plus de 200 Irakiens et blessé plusieurs centaines d’autres personnes qui faisaient leurs achats d’Aïd El-Fitr, à Bagdad.

A travers l’histoire, tous les moyens de transport ont été utilisés comme armes de destruction et de massacre.

Les véhicules de transport – l’automobile, le camion, la moto, le vélo et même la calèche – ont servi à mener des attaques terroristes contre des gouvernements et des civils dans des pays aussi divers et différents que le Sri Lanka et le Royaume-Uni.

Comment se prémunir?

Ce qui est préoccupant dans cette tuerie de Nice, c’est qu’un instrument technologique ordinaire et d’usage aussi répandu dans une société moderne ait été utilisé comme arme principale pour «réussir» un tel acte aussi barbare.

Si cet attentat a été commandité ou inspiré par l’organisation terroriste de l’Etat islamique qui n’a eu de cesse, ces derniers temps, d’exhorter ses membres à attaquer l’Occident par n’importe quel outil ou moyen à leur disposition, cela a de sérieuses implications pour la sécurité de nos espaces publics.

En 2014, un individu radicalisé a délibérément renversé deux soldats canadiens. L’une des victimes n’a pas survécu.

Donc, devrions-nous également craindre ce nouveau «terrorisme low-tech»?

Dans nos sociétés modernes, nous sommes déjà assez conscients des risques et des dangers que représente la conduite irresponsable d’un engin motorisé. L’utilisation accidentelle et délibérée de véhicules pour tuer et mutiler a également été un facteur important dans la détermination des différents décideurs de créer des espaces sécurisés pour les piétons dans les zones commerciales, aux alentours des grands centres commerciaux et les lieux de restauration sur bords de trottoir.

En 1983, Douglas Crabbe a lancé son camion de 20 tonnes sur un bar bondé de consommateurs dans le Territoire-du-nord, en Australie, tuant 5 personnes et blessant 16 autres.

Depuis quelque temps déjà, les populations citadines se sont habituées à l’installation de chicanes et de bornes en tous genres servant à bloquer les entrées des complexes commerciaux, à l’approche de bâtiments gouvernementaux et même de restaurants en plein air.

Ce qui est troublant et désarmant dans le cas de ces individus adeptes du «terrorisme low-tech», c’est que les agences de sécurité et les forces de l’ordre de tous les pays du monde sont dans une incapacité quasi-totale de contrôler parfaitement les complots terroristes. Ce type d’assaillants «low-tech» sont imprévisibles et peuvent perpétrer leurs actes criminels à tout moment et en tout lieu…

Le véhicule à moteur est un moyen de déplacement et de transport de personnes et de marchandises si présent dans notre société du 21ème siècle, et depuis fort longtemps déjà. Et, malheureusement, il est très possible qu’il y ait d’autres individus qui pourraient tenter de suivre l’exemple du terroriste de Nice.

En d’autres termes, il est tout à fait concevable que d’autres individus radicalisés, aux quatre coins de la planète, puissent choisir de recourir à l’option terroriste «low-tech».

Indéniablement, l’attentat de Nice aura des conséquences sur la manière dont sont gérés les espaces où les populations se rassemblent pour se divertir et les endroits publics où des événements sont organisés.

Texte traduit de l’anglais par Marwan Chahla

Source: ‘‘The Conversation’’.

*Mark Briskey est conférencier en sécurité nationale et relations internationales à la Curtin University à Perth, en Australie.

** Les titre et intertitres sont de l’auteur.

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