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Octobre musical : Quatuors sur tous les tons

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La soirée de samedi dernier à l’Acropolium de Carthage a été meublée par deux ensembles : le Tunisien Cadences et le Français Béla. Un grand moment de musique.

Par Anouar Hnaïne

De fréquents séjours en résidence à l’Académie européenne de musique et d’Enos ont permis au quatuor tunisien Cadences à se frotter aux grandes formations françaises. Composé de Mohamed Bouslama et Akram Ben Romdhane aux violons, Afif Bouslama à l’alto, Farouk Shabou au violoncelle, l’ensemble est revenu plus riche en expérience et en assurance. C’est «une forme de compagnonnage», nous dira Emilie Delorme, directrice de l’Académie d’Aix, présente au concert de samedi organisé par l’Institut français de Tunisie (IFT) à l’Acroplium de Carthage, dans le cadre de l’Octobre musical

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Ensemble Cadences.

Les résidences, dont la dernière à Dar Eyquem, à Hammamet, ont abouti à une collaboration entre l’Ensemble Béla d’Aix en Provence (Julien Dieuleregard et Frédéric Aurier, violon, Julian Boutin, alto et Luc Dedreuil violoncelle) et Cadences, résultat fructueux tant au niveau technique que relationnel.

Samedi 29 octobre. Public nombreux pour des formations peu connues, beaucoup d’étudiants en musique venus découvrir leurs aînés à l’affiche en compagnie des Aixois Béla.

Au programme de Cadences : quatre courtes pièces d’Igor Stravinsky et le quatuor n°4 op 18 de Beethoven. Les mouvements du quatuor Stravinsky sont amusants, avec de fréquents pizzicati. Cadences n’a pas eu de difficultés dans l’exécution. Le quatuor en do mineur, op 18, n°4 de Beethoven en seconde partie, dramatique, sépulcral par moments (beethovien), plus de 23 minutes réparties en Allegro, ma non tanto, Andante scherzoso, Menuetto et Allegro. Avec ces mouvements Cadences a eu un chapitre plus ardu, plus complexe, ce qui a provoqué une forme de «trac», à peine visible, ou plutôt une sorte de frisson, mais le jeu, même laborieux est subtil, les instrumentistes se guettent, trop prudents, mais l’ensemble de l’exécution est attachant.

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Quatuor Bela.

Les musiciens de l’Ensemble Béla entrent en jeu, vêtus de noirs comme leurs collègues tunisiens. Là, le public a affaire à des virtuoses rompus aux scènes internationales. Le quatuor de Debussy est au programme. L’unique du compositeur, ce quatuor en mouvements (Animé et très décidé, Assez vif et bien rythmé, Andantino, Très mouvementé) est considéré comme un tournant dans la musique de chambre. Il a basculé le genre, du romantisme au modernisme. Une date. Ce soir, on a assisté à un grand moment de musique : une facture charnue, solide sans un iota de réverbérations, un cachet de son impeccable, un timbre onctueux et une assurance à toute épreuve.

Avec Cadences, le public a écouté avec attention et curiosité de la bonne musique, avec Béla, il a plongé la tête en avant, sans réfléchir. Jubilatoire, on applaudit.

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Et pour clore le concert, les deux quatuors s’unissent pour jouer l’octuor de Chostakovitch composé dans sa jeunesse. L’Ensemble est homogène, beaucoup d’aisance et d’assurance dans le jeu, sourires complices, confort et joie visible sur les visages. On adopte sans hésitation ces collaborations enrichissantes. Vivement d’autres résidences d’artistes pour le bien de la musique.

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