La députée Bochra Belhaj Hmida, avocate de son état, qui ne s’est pas rangée du côté de ses confrères en robe noire, compte poursuivre sa lutte pour la loyauté et la liberté.
Le bras-de-fer engagé par les avocats contre le gouvernement pour casser l’article relatif à leurs obligations fiscales dans le projet de loi de finances 2017 et continuer ainsi à ne pas payer leur impôt comme le reste des contribuables, a fini par «payer» : l’article ayant finalement été vidé de toute substance, grâce aux députés issus des deux partis au pouvoir, Ennahdha et Nidaa Tounes, ligués contre le gouvernement qu’ils sont censés soutenir.
Encore une fois, les députés ont trahi leur propension à défendre leurs intérêts et ceux de leurs corporations respectives, aux dépens de ceux du peuple qu’ils sont censés représenter.
Bochra Belhaj Hmida a fait doublement exception, en tant que député et en tant qu’avocate, en se désolidarisant, dès le début, de ses confrères et consœurs qu’elle a rappelés à leur devoir fiscal en tant que citoyens dans un pays de loi et de droit.
Dans un post sur sa page Facebook, elle a commenté sa semaine mouvementée à l’Assemblée. Un témoignage qui rehausse son image et renforce sa réputation de femme libre et juste, qui s’est souvent rangée du côté de son peuple.
«Être indépendante, être libre, essayer d’être cohérente avec ses convictions, n’être jamais alignée est un exercice difficile que j’ai toujours pratiqué. Ce que j’ai vécu ces derniers jours à l’Assemblée n’a été que la confirmation de ce constat.
En restant indépendante depuis que j’ai quitté Nidaa Tounes, je n’ai pas pour autant retrouvé ma liberté ni savouré cette légèreté tant attendue.
J’ai du mal à expliquer que ne pas avoir de sympathie pour Sihem Bensedrine et avoir été la première à exiger son audition par la commission (des finances de l’Assemblée, Ndlr), il y a plus d’une année, ne peut en aucun cas remettre en cause le processus de la justice transitionnelle paisible à la tunisienne, une voie vers une réconciliation et une vraie paix durable entre les Tunisiens.
J’ai du mal à expliquer que la profession d’avocat était un choix de vie. Exercer la profession que j’adore et à laquelle j’ai beaucoup donné de mon temps, de mon énergie, de ma passion et loyauté et qui me l’a bien rendu, mais sans tomber dans le corporatisme.
Qu’aujourd’hui je ne me sente pas solidaire de mes confrères, non pas parce que je suis députée, mais parce que je fais la différence entre avocats débutants et avocats nantis, parce que la réforme de notre profession ne s’est pas faite pour empêcher la concurrence déloyale et éradiquer les pratiques d’une minorité afin que cette profession retrouve sa noblesse et sa générosité.
Pour tout cela, en tant que députée indépendante, avocate libre, je me sens seule mais déterminée sur la voie de que je me suis tracée depuis l’université : celle du réformisme patriotique».
Y. N.
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