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Coopération frontalière algéro-tunisienne : Ambitions et contraintes

Siège de la CCI «Seybouse» Annaba.

Quelques 216 entreprises algéro-tunisiennes sont implantées à Annaba. Et ça continue de bouger des deux côtés de la bande frontalière.

Par Mohamed Rahmani, correspondant en Algérie

«Au 31 décembre 2016, on a dénombré, selon les statistiques du Centre national du registre de commerce (CNRC), 216 entreprises algéro-tunisiennes implantées sur le territoire de la wilaya d’Annaba. Une démographie qui a décuplé ces 2 dernières années par rapport à la décennie précédente suite aux mesures prises par les 2 pays pour faciliter le partenariat entre hommes d’affaires des 2 côtés de la frontière. Parmi ces entreprises qui ont investi des créneaux et des segments de l’économie nationale, certaines ont très bien réussi, d’autres un peu moins et d’autres encore sont en phase démarrage. Je vous cite le cas de l’entreprise Lilas spécialisée dans les articles hygiéniques dont la part de marché est de 30% au niveau national et emploie 500 travailleurs, un exemple de réussite entre partenaires. L’exemple de Capromet est lui aussi à suivre, cette entreprise de transformation de métaux fondée conjointement par des opérateurs tunisiens et algériens emploie aujourd’hui 600 travailleurs. Ces 2 entités économiques ont été des pionnières dans cette coopération qui a donné de bons résultats stimulant cette démographie que nous avons soutenue et que nous encourageons en mettant à la disposition de tout investisseur porteur de projet une banque de données d’où il pourra puiser toutes les informations dont il aura besoin, cartographie des entreprises, études technico-économiques, opportunités d’investissements, lois, etc. Pour faciliter encore plus les formalités liées à la création des entreprises un guichet unique a été institué et auquel l’investisseur pourra s’adresser pour toute question en rapport avec son projet», nous a déclaré Azzedine Djouadi, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) «Seybouse» Annaba, dans un entretien accordé à Kapitalis.

Conventions entre chambres de commerce des 2 pays

Le premier responsable de la CCI nous apprendra, aussi, que 2 conventions de coopération et de partenariat ont été signées avec la CCI du Nord-Ouest (Tunisie) et la CCI de Sfax et une autre avec CCI de Sousse, le 18 mai 2017, à Annaba.

Le président de la CCI de Sousse, qui était accompagné de 30 hommes d’affaires, a été reçu à la CCI Annaba, au cours d’une cérémonie officielle, pour ensuite aller visiter le Salon de la production nationale auquel participent justement des entreprises algéro-tunisiennes.

Ces conventions de partenariat visent en premier lieu à promouvoir les relations économiques par les échanges entre les CCI avec l’institution de commissions mixtes chargées de la coordination et du suivi appelées à se réunir tous les 6 mois mais aussi à chaque fois que la situation l’impose pour régler un différend qui se serait posé entretemps.

Rencontre à Tabarka

La dernière rencontre de ce type s’est tenue à Tabarka le 25 avril passé et a réuni 70 hommes d’affaires issus de 9 chambres de commerce et d’industrie des wilayas de l’est algérien et leurs homologues tunisiens de Jendouba, Siliana, Le Kef et Béja. Il y a eu des rencontres B to B avec pour objectif d’établir des partenariats en vue d’investissement dans l’un ou l’autre des 2 pays voisins.

Ce 2e Forum économique tuniso-algérien avait été inauguré par Abdellatif Hmam et Akrem Sabri, respectivement secrétaire d’Etat chargé du commerce et gouverneur de Jendouba, en présence de Farid Belahnèche, conseiller auprès de l’ambassade d’Algérie en Tunisie.

C’est dire l’importance accordée à cette rencontre au cours de laquelle ces responsables ont salué l’initiative de la CCI du Nord-Ouest. Les idées foisonnaient et l’engouement pour la création de projets des 2 côtés de la bande frontalière avait donné lieu à des débats sur les opportunités d’affaires, les financements et les facilités accordées par les 2 pays.

Des contraintes et des propositions

L’on apprendra au cours de cette rencontre que le ministère algérien du commerce s’est engagé à lever toutes les contraintes auxquelles sont confrontés les opérateurs économiques pour donner un coup d’accélérateur à la coopération entre les 2 pays. Ce qui, justement, avait été soulevé par les industriels tunisiens avec le certificat d’origine ou encore les lenteurs des formalités administratives au niveau des frontières où ils passent parfois plus de 4 heures.

Des propositions ont été faites pour établir des cartes pour frontaliers au profit des opérateurs traversant régulièrement les frontières dans les 2 sens ou encore cette proposition de paiement en dinar algérien ou tunisien en lieu et place de l’euro ou du dollar.

Cette rencontre a été l’occasion pour les opérateurs des 2 côtes de s’informer sur les opportunités d’investissement, sur les produits disponibles dans les 2 pays en vue de leur commercialisation mais aussi un espace d’échange d’expérience en matière de lois et de commerce extérieur.

Ça bouge donc du côté de la bande frontalière avec toutes ces rencontres, ces conventions et ces projets qui se mettent en place et qui renforcent les échanges entre les 2 pays. On est passé de la phase vœux pieux des politiques, qui aura fait son temps, à la prise en charge réelle sur le terrain par la création d’entreprises mixtes avec à la clé des milliers de postes d’emploi des 2 côtés de la frontière. Il reste cependant à lever certaines contraintes qui freinent cet élan salutaire pour les économies des 2 pays voisins.

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