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Louvre Abou Dhabi : Exploit architectural pour un dialogue des cultures

Avec le Louvre Abou Dhabi, son plus récent ouvrage, l’architecte Jean Nouvel met la lumière au service d’une contemplation à la fois esthétique et mystique.

Par Moncef Kamoun *

La France et les Emirats arabes unis (EAU) avaient signé, en 2007, un accord sans précédent portant sur la conception et la mise en oeuvre par la France du musée du Louvre Abou Dhabi en contrepartie d’un milliard d’euros.

L’objectif de la capitale des Emirats est de créer un lieu central de dialogue entre les civilisations et les cultures et faire d’Abou Dhabi une terre de passage et d’échange symbolisant l’esprit d’ouverture et de dialogue interculturel.

Le musée, qui a ouvert ses portes le 11 novembre 2017, a été construit en bordure de mer sur l’île de Saadiyat, au large de la capitale des EAU, sur une superficie de 24.000 m2, dont 6.000 m2 pour la galerie permanente et 2.000 m2 pour les expositions temporaires d’envergure internationale, le tout surplombé d’un ciel artificiel, un dôme géant de 180 mètres de diamètre percé de motifs arabo-musulmans, des formes de feuilles de palmes entrelacées, traditionnellement utilisées pour parer les toits dans les Émirats : une coupole en forme de dentelle argentée.

La lumière est la raison d’être de l’architecture

Ce ciel artificiel laisse passer des rayons de soleil et crée des taches de lumière qui bougent tout au long de la journée en fonction de la hauteur et de l’inclinaison du soleil. Quand on est à l’intérieur, tout ce que nous voyons n’est qu’une ombre projetée par ce que nous ne voyons pas.

Tous les bâtiments du musée sont posés sur l’eau de l’île et créent une atmosphère magique. Ainsi, le ciel étoilé le jour resplendit de toutes les âmes, de toutes les lumières célestes afin que les visiteurs soient éclairés par la lumière divine.

Cette lumière est à la fois étincelante et douce et, surtout apaisante et propice à la méditation. Elle permet aux visiteurs de voir les œuvres artistiques exposées dans une atmosphère transparente et chaleureuse.

Les architectes savent que lumière est la raison d’être de leur discipline, elle en constitue le premier matériau. Sans elle, le mur, l’espace, l’ombre n’existent pas, mais là tout est véritablement grandiose : les rapports de forces et les tensions entre les objets, le jour, le contre-jour et l’ombre laissent la place au reflet, et le contraste à la texture.

L’architecture est seulement un des supports de cette danse, au même titre que l’air, la nature, l’espace, les volumes et tout ce qui nous entoure.

Ce qui rend ce lieu magique c’est la fantasmagorie indéfinissable qu’enfante l’harmonieuse conjugaison de tous ces éléments. Ici, plutôt que d’essayer de contrôler la lumière, l’architecte la laisse danser, suivre ses humeurs, prendre la forme de son désir.

Dans ce rapport entre la matérialité des lieux et l’immatérialité de la lumière, il y a une véritable réflexion sur les volumes, les matériaux, les formes et leur perception.

L’architecte Français Jean Nouvel

C’est ainsi que, par son imagination, sa grande rigueur et surtout son audace esthétique, Jean Nouvel, le concepteur du musée du Louvre d’Abou Dhabi a créé, une fois encore, un événement à résonance internationale.

L’architecte français a déjà remporté, en 2008, le prix Pritzker, la plus haute distinction internationale dans le domaine de l’architecture pour l’ensemble de sa carrière.

Outre l’institut du monde arabe, à Paris, ouvert en 1987, Jean Nouvel a dessiné, entre autres, le Musée du Quai Branly dans la capitale française, la Tour Agbar à Barcelone, le complexe Central Park à Sydney, le Musée d’art et d’histoire de Genève, la Tour Signal à la Défense à Paris et la résidence «Nouvelle Nature» à Marseille.

*M. K. Architecte.

 

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