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Nidaa Tounes, un coup d’Etat à l’intérieur du coup d’Etat

La situation à l’intérieur de Nidaa Tounes est complexe, compliquée et inextricable. En réalité, le parti vient de connaître un coup d’Etat à l’intérieur du coup d’Etat.

Par Imed Bahri

Népotisme, absence de démocratie interne, affairistes véreux, guerres des clans, règlements de compte, bref un cocktail détonant.

C’est ce cocktail que le parti arrivé en tête des élections présidentielle et législatives de 2014 sert au Tunisiens depuis bientôt quatre ans.

Hafedh Caïd Essebsi ou l’arroseur arrosé

À la fin de l’année 2015, suite aux congrès de Hammamet et de Sousse ayant éliminé toute dissidence, Hafedh Caïd Essebsi, le fils du fondateur du parti en juin 2012 devenu président de la république en décembre 2014, Béji Caïd Essebsi, resté en retrait ou laissant faire, opère un coup d’Etat et s’empare du parti. Et c’est la litanie des récriminations, des coups sous la ceinture et des guéguerres fratricides, qui se traduisent par le départ de la plupart des fondateurs : Mohsen Marzouk, Ridha Belhaj, Lazhar Akremi, Bochra Belhaj Hmida, Khemaies Ksila, Boujemaa Remili, Mondher Belhaj Ali, etc.

Bureau exécutif de Nidaa en 2015, peu avant l’implosion provoquée par Hafedh Caïd Essebsi.

Aujourd’hui, l’arroseur est arrosé et c’est lui qui subit, à son tour, un coup d’Etat de la part de ceux-là mêmes qui lui permirent de s’emparer du parti. Les mêmes protagonistes qui ont soutenu Hafedh dans son putsch de 2015, l’avaient applaudi des deux mains et servi avec zèle, aujourd’hui sentant qu’il est fini et sentant le vent tourner, le lâchent et rallient le camp du chef du gouvernement, Youssef Chahed, contre lequel pourtant ils ont manœuvré pendant des mois pour le faire tomber.

Les retourneurs de vestes sont de retour

Les Raouf Khammassi, Sofiène Toubel et Ons Hattab (que l’on pourrait surnommer Ons Caïd Essebsi tellement elle était dans une partisanerie aveugle derrière Hafedh) ont fait volte-face et changé de camp. Ces professionnels de l’opportunisme, sans eux, Hafedh Caïd Essebsi n’aurait jamais pu s’emparer du parti, n’aurait jamais pu le conserver pendant plus de quatre ans et n’aurait jamais pu en faire son gadget tout au long de cette législature. Ce «courage» qui leur vient lors du dernier quart d’heure du quinquennat de Béji Caïd Essebsi n’est ni désintéressé ni intervenu par convergence des idées avec le chef du gouvernement.

Instance politique de Nidaa Tounes de l’après-Hafedh Caïd Essebsi, en 2018. Cherchez l’erreur!

Ce beau monde ne veut pas insulter l’avenir et veut garantir ses intérêts, ni plus ni moins. Si demain une personne autre que Youssef Chahed ferait place de favorite à l’échelle nationale, aussitôt ils oublieront ce dernier et iront la rejoindre. Ils s’en foutent du parti qu’ils ont laissé s’effriter tout au long de ces années, s’en foutent encore plus de la Tunisie à laquelle ils ont donné un parti éclaté qui a déstabilisé l’équilibre et la bonne marche des institutions et qui a affaibli la famille progressiste, ce qui a permis de renforcer de nouveau leurs soi-disant adversaires devenus des alliés de circonstance, les islamistes d’Ennahdha. Ils ont permis et créé le népotisme, aujourd’hui ils crachent sur ce népotisme qu’ils ont créé.

Le chef du gouvernement ne doit pas être dupe du soutien de ces professionnels du retournement de veste, il doit prendre ses gardes et faire preuve de vigilance quant à ce genre de soutiens qui finissent toujours mal… s’ils ne sont pas récompensés rapidement et grassement.

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