Dans le cadre de la 2e édition du Festival du cinéma méditerranéen de Tunisie (Manarat) qui s’est clôturé hier soir, dimanche 7 juillet 2019, avec la proclamation du palmarès, le cinéma Alhambra à la Marsa a accueilli, dans la soirée du jeudi 4 juillet, une rencontre avec les frères Dardenne, icônes du cinéma francophone et européen.
Par Fawz Ben Ali
En plus des multiples projections quotidiennes dans les salles et sur les plages , le Festival Manarat, sous le parrainage de la Biat et la direction artistique de la productrice Dora Bouchoucha, a proposé cette année de nombreuses rencontres sous formes de masterclass, débats, tables-rondes, conférences … avec de prestigieux noms du cinéma méditerranéen pour de grandes discussions autour du cinéma d’auteur contemporain.
Plus de 20 ans après
Un grand nombre de professionnels du 7e art (cinéastes, acteurs, producteurs, techniciens …), de critiques, de cinéphiles et de journalistes se sont donc réunis à la salle Al Hambra pour assister à la masterclass des célébrissimes cinéastes belges, les frères Dardenne, qui étaient également présents la veille sur la plage de la Marsa pour présenter leur tout nouveau film ‘‘Le jeune Ahmed’’ (prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2019), présenté pour la première fois en Tunisie dans le cadre des projections gratuites sous les étoiles.
Scénaristes, réalisateurs et producteurs, Luc et Jean-Pierre Dardenne ont toujours travaillé en duo et les films qu’ils réalisent ou produisent ne passent jamais inaperçus, ensemble, ils font corps sur les plateaux de tournage contre les pressions du métier, selon leurs dires, ce qui les a conduits aujourd’hui à faire partie du cercle très restreint des cinéastes à avoir été à deux reprises lauréats de la Palme d’or de Cannes (‘‘Rosetta’’ en 1999 et ‘‘L’enfant’’ en 2005).
«On était venu à Tunis il y a plus de 20 ans quand on avait présenté ‘‘La promesse’’ (1996), et on est ravis d’y retourner cette année avec notre nouveau film», avait lancé le duo de cinéastes belges lors de la présentation de leur dernier film, ‘‘Le jeune Ahmed’’ sur la plage de la Marsa.
Un cinéma social et engagé
Le film raconte l’histoire d’un adolescent de 13 ans tombé sous l’idéologie mortifère d’un imam extrémiste dans un quartier belge. Entre son désir de vivre et les discours de haine, Ahmed cherche ses repères et son identité. «On a été touchés comme tout le monde par les attentats survenus en Belgique, en France, ou en Tunisie (…) les histoires qu’on raconte sont souvent tirées de faits divers qu’on aurait observés ou qu’on nous a racontés», expliquent les frères Dardenne qui, depuis leurs débuts dans les années 70, continuent de défendre un cinéma européen social et engagé.
Le duo de cinéastes a d’ailleurs coproduit avec Habib Belhedi et Hatem Ben Miled le film tunisien ‘‘Fatwa’’ de Mahmoud Ben Mahmoud (Tanit d’or des JCC 2018) qui évoque également le processus de radicalisation des jeunes de plus en plus nombreux à être tentés par le djihad. «Toutefois, on n’a pas la moindre prétention de changer les réalité ou d’apporter des solutions», précisent-ils.
Interrogés sur leurs choix esthétiques et narratifs si particuliers dont ils se servent pour être le plus proches possible de la réalité, les cinéastes belges expliquent qu’ils ont toujours choisi de faire un cinéma sans artifices et sans superflus où les effets sonores et musicaux ont peu de place et où on accorde en revanche une grande importance au silence, aux plans-séquences, aux gestuelles et mouvements des corps … «Il s’agit d’ancrer les personnages dans leur réalité et de restituer des morceaux du temps réel (…) On devient cinéastes seulement quand on trouve sa méthode de travail !», affirment-ils.
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