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Tunisie : Que peut-on attendre d’un gouvernement de désunion nationale ?

Pour «sortir» la Tunisie pays du marasme socio-économique dans lequel elle s’est enlisée depuis 9 ans, il est bon de comprendre les tenants et les aboutissants de nos échecs et de nos désespoirs pour pouvoir identifier nos erreurs et en tirer des leçons. Mais l’a-t-on vraiment fait ?

Par Habib Boussaadia *

Les brillants ministres qu’on a connus ces dernières années ne feront pas partie du gouvernement appelé à gérer la pauvre Tunisie au cours de la prochaine période. C’est là notre devise depuis 9 ans et on n’a, malheureusement, pas dérogé à cette règle dans la composition du gouvernement Elyes Fakhfakh, rafistolé après 4 mois d’âpres tractations et de vraies fausses négociations. Ainsi donc, les René Trabelsi, Hatem Ben Salem et autres Sonia Ben Cheikh en sont exclus car trop efficaces et risquent, pour cela, de «gripper» la nouvelle équipe de choc, un panachage de faux indépendants, d’islamistes expérimentés dans l’art de la diversion, de démocrates autoproclamés et de prétendus révolutionnaires.

Le grand perdant est toujours le peuple

En principe, pour «sortir» le pays du marasme socio-économique dans lequel il s’est enlisé depuis 9 ans, il est bon de comprendre les tenants et les aboutissants de notre désespoir pour pouvoir identifier nos erreurs et en tirer des leçons. Un bilan s’impose : à qui cette pseudo-démocratie issue de la révolte populaire de 2010-2011 a-t-elle profité? Les gagnants sont les apprentis politiciens, les révolutionnaires de la dernière heure, les contrebandiers et les terroristes déguisés en démocrates émérites; et le grand perdant est le peuple qui pleure l’époque où le couffin du pauvre était rempli par un régime soucieux de préserver un pouvoir d’achat minimal !

En 9 ans, on a vu de nouveaux riches exhiber ostentatoirement leur butin, une Union générale tunisienne du travail (UGTT) afficher sans gêne ses ambitions politiques quitte à paralyser l’appareil économique et les rouages de l’Etat, des chômeurs bloquer indignement les quelques sites de production du pays (phosphate, hydrocarbures…), des commerçants jongler honteusement entre les prix affichés/exigés, des sociétés publiues plonger dans les déficits et survivre aux dépens des contribuables, des contrebandiers s’adonner à leurs pratiques favoris sans fausse pudeur, des partis associations aux finances opaques, des partis annoncer pompeusement leur amour pour la patrie (Nidaa, Tahya, Qalb, Machrou…), tous se réclamant de Tounes, mais vu leur pratique de la chose politique, Tounes semble être le dernier de leur souci. Et pour ne rien arranger, la palme d’or de l’indignité revient, sans conteste, aux représentants du peuple.

La réussite d’un individu dépend de sa conscience et non de sa religion

Ces chers députés ont un agenda plein, mais ils n’ont d’intérêt que pour eux-mêmes, alors que d’innombrables projets de loi dont dépend l’amélioration de la vie des citoyens dorment dans les tiroirs de l’assemblée et attendent d’être discutés la semaine «des quatre jeudi».

Quant à la justice, on citera cette phrase de Churchill pendant la 2e guerre mondiale, à un moment où l’Angleterre était mal en point : «Si la justice tient encore, le pays tiendra sûrement.»

Alors je dirai aux membres de la nouvelle équipe gouvernementale, qui sollicitera la confiance de l’Assemblée après-demain, mercredi 26 février 2020 : ne vous battez pas entre vous pendant les premiers mois, travaillez autant que vous pourrez et ne gaspillez surtout pas votre énergie à donner des interviews insipides aux médias et essayez de redonnez espoir à ce peuple épuisé et brisé. En un mot, faites du René Trabelsi et dites-vous bien que Dieu accorde la réussite à un individu selon sa conscience et indépendamment de sa religion.

* Médecin à Sousse.

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