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Covid-19 : le confinement entre fils d’Abraham, Vandales, et Normands

En Suède comme en Tunisie, le confinement est une vue de l’esprit.

En Tunisie, le confinement avait été appliqué jusqu’au week-end dernier, peut-être réminiscence de nos gènes vandales, quand la population avait massivement basculé dans la désobéissance civile en décidant d’ignorer désormais toutes les précautions sanitaires d’usage, faisant ainsi partir en fumée tous les sacrifices consentis.

Par Mounir Hanablia *

Décidément, on en apprend des vertes et des pas mûres depuis le début de la pandémie. D’abord Boris Johnson, le Premier ministre britannique, pas particulièrement réputé pour s’être empressé de prendre les premières mesures préventives afin d’y faire face, vient d’être admis en soins intensifs d’un hôpital londonien alors qu’il était confiné chez lui depuis 7 jours, après la détérioration de son état clinique. Il ne serait actuellement pas sous ventilation artificielle, mais la communication de crise britannique vient d’en prendre un coup après s’être époumonée à prétendre depuis le début de son confinement que le Premier ministre allait bien.

Le président Trump s’étant empressé de lui proposer de tester les nouveaux remèdes en attente de certification, on ne pourra pas l’accuser de racisme, contrairement aux deux chercheurs français pour qui les Africains et les Arabes constituent d’excellents cobayes.

Les fils d’Abraham plus enclins à transgresser les mesures sanitaires

On ne pourra pas arguer par ailleurs que le président américain ou le Premier ministre anglais soient des adeptes de la piété, en dehors des campagnes électorales, pour autant, même si les faits ont amplement démontré que juifs, chrétiens, ou musulmans, les fils d’Abraham religieux pratiquants se sont révélés les plus enclins à transgresser les mesures sanitaires de prévention sous le prétexte que la crainte de l’épidémie était un péché.

Le ministre de la Santé néo-zélandais, pourtant médecin et laïc, s’est, lui, distingué, le premier week-end de confinement obligatoire, en allant faire 20 kilomètres de vélo, puis en emmenant sa famille à plus de 200 km de son lieu de résidence. Il a présenté sa démission mais elle n’a pas été acceptée pour le moment.

Voilà pour ceux qui sont tombés à bras raccourcis sur notre président de la République, Kaïs Saïed, pour avoir aidé, le visage découvert, au chargement de caisses de ravitaillement et de médicaments, destinés à la population, puis pour s’être rendu au mausolée Bourguiba réciter la Fatiha sur la tombe du père de l’indépendance, toujours à visage découvert.

Il est vrai qu’à Monastir, pour le moment, il n’y a pas eu d’enterrement de victimes de l’épidémie dans le cimetière de la ville, et dieu seul sait comment la population réagirait si jamais l’éventualité devait se concrétiser. Pourtant notre président actuel devrait s’inquiéter, puisque aux Etats-Unis, les employés des magasins et des épiceries et les livreurs apparaissent de plus en plus comme particulièrement exposés face au risque contagieux.

En dehors du secteur de la santé, et à défaut d’essayer d’imposer le port du masque à une population indocile, si ce n’est réfractaire, nos autorités devraient peut-être se limiter pour le faire à certaines catégories professionnelles, telles que les vendeurs de produits alimentaires, qui elles ne pourraient pas s’y soustraire.

Kaïs Saïed, adepte égaré du modèle suédois

En tous cas, la décision présidentielle d’emménager finalement au palais de Carthage constitue sans doute le signe d’un certain changement. Admettons qu’il ne soit qu’un adepte égaré au Maghreb du modèle suédois. En Suède, où le civisme populaire n’est pas un vain mot, malgré la pandémie, après 6800 contaminations et 400 décès pour une population de 9 millions d’habitants, le gouvernement n’a encore imposé aucune mesure particulière, et se borne à prodiguer des conseils de prudence, quant au confinement ou l’interruption des cours pour les enfants sont laissés à l’appréciation des familles. Seuls les immigrés semblent beaucoup plus exposés que le reste de la population. Leurs voisins, Danois, eux, plus prudents, sont en train de lever les mesures de confinement, alors qu’en Norvège, l’autre pays scandinave adepte du confinement, on annonce que l’épidémie est sous contrôle.

Mais la réalité est que les Etats Européens qui ont maîtrisé la phase pandémique et qui quittent le confinement, tout comme la Chine, sont bien l’Autriche et le Danemark, des pays où il avait été appliqué précocement et avec rigueur.

Dans notre pays, cela avait été le cas jusqu’au week-end dernier, peut-être réminiscence de nos gènes vandales, quand la population avait massivement basculé dans la désobéissance civile en décidant d’ignorer désormais toutes les précautions sanitaires d’usage, faisant ainsi partir en fumée tous les sacrifices consentis; il apparaît maintenant que dans certains endroits, y compris les plus inattendus, le confinement n’avait jamais été respecté. La buvette de l’hôpital d’une ville côtière en constitue à cet effet l’un des exemples les plus typiques, c’est l’endroit où plusieurs habitants de la ville, nostalgiques de libertés confisquées, se retrouvent souvent, mêlés à des représentants de la loi, après en avoir franchi l’accès non surveillé donnant sur la rue, pour boire un Expresso. Il faudrait croire que dans cette ville, tombée aux mains des Normands de 1147 à 1160, ce ne fût peut-être là qu’un juste retour à des sources… suédoises.

* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.

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