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La «solidarité» de Ghannouchi avec Moussi : La blague qui sent le soufre

Peut-on croire les islamistes du parti Ennahdha lorsqu’ils se disent «solidaires» (sic !) avec leur principal adversaire politique, la députée Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), menacée de mort par… des éléments issus de leur propre nébuleuse ? Non bien sûr… Car nous ne sommes pas stupides.

Par Imed Bahri

Dans un geste très téléphoné et presque risible, si le sujet n’était pas grave, la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) s’est fendue aujourd’hui, dimanche 9 mai 2020, d’un communiqué où elle exprime, avec 48 heures de retard, sa solidarité avec la députée Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), menacée de mort par des extrémistes religieux.

Dans la série des «serial-menteurs»

Ce communiqué est risible car il est faux et émane de faux-culs : Rached Ghannouchi, le président de l’ARP et du parti islamiste Ennahdha, dont les partisans sont, on l’imagine, les auteurs des menaces de mort sur les réseaux sociaux adressés à Mme Moussi.

Et d’ailleurs, pour ceux et celles qui ne le savent pas, ce qui vaut à Mme Moussi les menaces de mort de la part des extrémistes religieux appartenant à la nébuleuse islamiste, ce sont ses dénonciations constantes des dérives du président de l’Assemblée, sa diplomatie parallèle, ses contacts secrets avec l’organisation internationale des Frères musulmans, à commencer par certains des dirigeants et bailleurs de fonds de cette organisation, notamment le président turc Recep Tayyip Erdogan, l’émir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, et les dirigeants islamistes libyens, notamment Abdelhakim Belhaj et Khaled Mechri, dérogeant ainsi à la doctrine de la diplomatie tunisienne, fondée sur la neutralité, et surtout dans les conflits régionaux, comme celui en cours dans la Libye voisine, où Ennahdha et son président ont choisi, et de manière tapageuse, leur camp, à savoir celui du Gouvernement d’union nationale (GUN), conduit par Fayez Sarraj et soutenu par les groupes islamistes.

Les membres du bureau de Rached Ghannouchi, une armée de Nahdhaouis pur jus, ont cru devoir publier le communiqué d’aujourd’hui non par solidarité avec Abir Moussi qu’ils détestent tous cordialement et aimeraient voir disparaître du paysage politique tunisien, mais par hypocrisie politique et, surtout, pour tromper l’opinion publique, la tromperie étant la marque de fabrique des islamistes.

Les «enfants» de Ghannouchi sont toujours prêts

En fait, Ghannouchi et ses sbires craignent que, dans le cas où un malheur arriverait à Mme Moussi, c’est M. Ghannouchi et sa smala qui seront, automatiquement, soupçonnés d’avoir commandité le crime. D’autant plus qu’ils ont multiplié, ces dernières semaines, les déclarations dénigrant cette femme politique qui met un grain de sable dans leur système de consensus avec des partis aplatis et serviles… une femme qui, par sa rigidité doctrinale et son rejet de tout compromis, les empêche de dormir sur leurs lauriers.

Ces déclarations, on l’imagine, ont de quoi donner des envies de meurtre et de sang à certains de leurs adeptes, qui, on le sait, préfèrent tous Ben Laden à Gandhi.

Nous n’avons pas oublié les déclarations très hostiles à Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi émanant des dirigeants d’Ennahdha (Hamadi Jebali et Ali Larayedh, pour ne citer que ces deux-là, alors chef de gouvernement et ministre de l’Intérieur) peu de temps avant l’assassinat de ces leaders de la gauche en 2013.

Les Tunisiens, qui sont confrontés à une double crise sanitaire et économique, et qui appréhendent l’avenir avec un mélange d’angoisse et d’inquiétude, retiennent aujourd’hui leur souffle, car ils ont de bonnes raisons de craindre une manœuvre de trop ou un dérapage contrôlé qui provoquerait un tsunami politique.

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