Alors que ses problèmes économiques sont en train de s’aggraver de plus en plus chaque jour, la Tunisie ne semble pas encore retrouver la stabilité politique nécessaire à une reprise des activités économiques. L’espoir s’amenuise et le désespoir s’installe, bloquant totalement les velléités de redressement national.
Par Amine Ben Gamra *
La situation politique actuelle en Tunisie ne fait que compliquer la prise de décision dans un pays caractérisé par une structure institutionnelle dysfonctionnelle qui explique en grande partie la quasi-paralysie de la prise de décision en matière économique.
La fonction publique a perdu une grande partie du respect dont elle jouissait de la part des Tunisiens ordinaires qui considèrent le comportement de leurs dirigeants avec un mélange d’ironie et de mépris.
Le fossé économique, social et éducatif entre un littoral relativement aisé et un arrière-pays de plus en plus pauvre existe toujours, dix ans après la révolution dont il fut l’une des principales causes. Sur le plan économique comme social, éducatif et sanitaire, la Tunisie est divisée en de catégories de population presque distinctes, qui ne se parlent pas beaucoup si tant est qu’ils se reconnaissent : les nantis de la côte et les bannis des régions intérieures.
Le calcul partisan prime sur le bon sens économique
Nos problèmes économiques sont en train de s’aggraver de plus en plus chaque jour. Mais jusqu’à cette date, la Tunisie ne semble pas encore retrouver la stabilité politique minimale pour espérer repartir de bon pied.
Visiblement, le calcul partisan prime systématiquement sur le bon sens économique amenant les partis politiques, incapables de présenter un plan de redressement économique, à faire valoir leurs intérêts corporatistes au détriment de l’intérêt général. Cela, on l’imagine, a énormément accru le phénomène du népotisme et de la corruption (conflit d’intérêts, délit d’initié, évasion fiscale, blanchiment d’argent…) rendant la décision économique encore plus liée aux intérêts privés.
La situation est d’autant plus grave que le mécontentement populaire va s’aggraver et les mouvements sociaux se généraliser, si la croissance économique n’est pas rétablie rapidement, avec une reprises des investissements et des créations d’emplois.
Les éléments d’inquiétude se multiplient et l’espoir s’amenuise
La crise se traduit par le lourd fardeau de la dette, le chômage qui s’accroît, aggravé par les répercussions de la pandémie du Covid-19, et l’inflation se maintenant à des niveaux très élevés, rognant sur le pouvoir d’achat des citoyens et alimentant la grogne d’une population aux attentes déçues, alors que, sur le plan politique, les éléments d’inquiétude se multiplient : un gouvernement en sursis, une Assemblée transformée en foire d’empoigne, une forte hostilité opposant le président de l’Assemblée au président de la République, une justice qui peine à prouver son indépendance des lobbys politiques, etc.
Qu’ils soient riches ou pauvres, les Tunisiens n’ont plus d’espoir face au manque de visibilité quant à leur avenir et à celui de leurs enfants, l’ambiguïté de la situation politique bloquant totalement les velléités de relance de l’économie nationale.
* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.
Donnez votre avis