«Quiconque qui portera des armes contre l’Etat fera face à une rafale de cartouches», affirmait d’un air ferme le président de la république Kaïs Saïed, le 23 octobre 2019, lors de son discours d’investiture à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), au Bardo. Sauf que voilà bientôt 48 heures qu’un militaire est tombé sous les balles des contrebandiers à Dhehiba, Tataouine, dans le sud de la Tunisie et aucune riposte de l’Etat n’est intervenue. L’Etat a-t-il déjà capitulé face la mafia de la contrebande ?
Par Imed Bahri
Le précédent est grave et n’est pas digéré par beaucoup de Tunisiens. Un militaire tunisien a été tué dans la soirée du dimanche 2 août 2020 sous les balles des contrebandiers. Les ennemis de l’Etat ne se suffisent plus à massacrer et ravager l’économie, à gangrener l’Etat par la corruption et à déstabiliser le sud du pays, toutes des actions criminelles, mais pire, ils s’en prennent directement aux militaires.
Nous faisons face à une mafia qui ne recule plus devant rien y compris à tuer les militaires. Mais ce qui a inquiété davantage les observateurs c’est le silence assourdissant des gouvernants, des plus hauts responsables de l’Etat. Comment un État se tait et ne réplique pas à une telle action humiliante à son endroit?
Le meurtre d’un militaire passe sans conséquence pour ses auteurs
Ceux qui président aux destinées de l’Etat tunisien sont-ils si incompétents pour laisser les barons de la contrebande faire la loi dans le sud du pays et humilier l’Etat à ce point?
Comment le meurtre d’un militaire peut-il passer sans conséquence pour ses auteurs? Où est passé Kaïs Saïed qui a affirmé le jour de son investiture, visage fermé et d’un ton ferme: «Quiconque qui portera des armes contre l’Etat fera face à une rafale de cartouches»? Le président de la république excelle dans la parole et dans sa mise en scène mais côté action, il n’y a rien. Pour se réveiller, le chef suprême des armées attend-t-il le jour où les barons de la contrebande formeront leurs propres milices armées et le jour où la Tunisie deviendra la Colombie?
L’absence de riposte depuis dimanche soir après l’assassinat du militaire est un message de faiblesse envoyé par nos gouvernants aux barons de la contrebande. S’ils tuent un militaire et qu’il n’y a pas une riposte forte et vigoureuse et qu’un coup dur n’est pas porté à cette mafia de la contrebande, cette dernière estimera qu’en face d’elle, il y a le néant et elle fera ce qu’elle voudra.
Le laxisme de l’Etat renforce le sentiment de puissance de la mafia de la contrebande
L’Etat tunisien possède la force pour riposter et mettre hors état de nuire tous les barons de la contrebande, dont la plupart sont connus des services concernés, mais nos gouvernants n’ont ni la volonté ni la détermination. Leur nonchalance ainsi que leur mutisme face à cet épisode dangereux et préoccupant et leur absence de riposte affaiblit davantage l’Etat et renforce le sentiment d’impunité et de puissance de la mafia de la contrebande.
Également, les forces de sécurité et les forces armées, quand elles voient que leur hiérarchie et les gouvernants restent muets, ne donnent pas des instructions pour riposter et les laissent abandonnés à leur propre sort, ceci relève de la lâcheté et nos sécuritaires et militaires se sentiront abandonnés.
Se laisser faire est criminel et donne à la mafia de la contrebande davantage de temps pour s’enrichir, tisser sa toile et devenir encore plus puissante. Et si certains croient que ne pas riposter à la mort d’un militaire c’est ne pas céder à la provocation et bien cette attitude est lâche et inacceptable. Faire l’autruche est suicidaire. Un État qui ne venge pas ses militaires n’est plus un État et ses responsables sont des faibles et l’Histoire retiendra qu’ils ont capitulé face aux barons de la contrebande. Le laxisme tuera l’Etat tunisien. Assez!
L’Histoire retiendra aussi qu’un militaire a donné sa vie pour son pays mais que son pays n’aura rien fait pour lui. Il n’est pas le premier martyr de l’armée et, malheureusement, au vu du laxisme actuel des autorités, il pourrait ne pas être le dernier.
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