La porte-parole du ministère de la Santé publique, Nissaf Ben Alaya, a plus que jamais tiré la sonnette d’alarme concernant la situation épidémiologique en Tunisie, ce mercredi 7 octobre 2020, appelant les citoyens à la nécessité du respect du protocole sanitaire relatif à la lutte contre le coronavirus s’ils veulent éviter un bilan cauchemardesque…
La présidente de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (ONMNE) a, en effet, prévu, dans une déclaration accordée à Express FM, l’enregistrement de près de 5.500 décès dans le pays, au mois de janvier 2021, si les gens continuaient à négliger les recommandations des autorités sanitaires.
Et si on respectait, désormais, les consignes sanitaires ? A quoi devrait-on s’attendre ? La responsable ne l’a pas précisé, mais le bilan risque d’être, dans tous les cas, très lourd, étant donné que nous avons déjà atteint «le point de non-retour».
On y est arrivés bêtement après avoir réussi à maîtriser, en 3 mois, une première vague de la pandémie, et tout en étant au courant, en s’appuyant sur la théorie mais aussi sur l’expérience des autres pays, du danger irréversible de ce virus s’il venait à se répandre.
La faute, sans aucun doute, au gouvernement, dont la politique de lutte contre la maladie est devenue, du jour au lendemain, beaucoup trop laxiste (déconfinement, ouverture des frontières, annulation de la mise en quarantaine obligatoire pour les nouveaux arrivants, pas de tests PCR pour les arrivants des fameuses «zones vertes», etc.).
Nissaf Ben Alaya préfère, pour sa part, se voiler la face et protéger son gouvernement : «Si nous en sommes arrivés à ce stade c’est principalement à cause du fait que les citoyens n’ont pas respecté le protocole sanitaire», a-t-elle déclaré, sans dire le moindre mot sur les erreurs de l’État. C’est-à-dire ses propres erreurs, étant membre du comité scientifique chargé de la gestion de la pandémie de la Covid-19.
Certes, les citoyens ont, eux aussi, leur part de la responsabilité, ayant excellé dans l’insouciance face à la maladie. Mais est-ce que l’Etat ne le savait-il pas ? A-t-il oublié les nombreux dépassements enregistrés au début de la crise, notamment des personnes qui arrivaient de l’étranger sans prendre la peine de respecter l’auto-confinement ? Ou voulait-on simplement tester, quelques mois plus tard, pour le fun, la conscience de ces mêmes citoyens en espérant des résultats différents ?
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, dos au mur, il est nécessaire que les autorités prennent des mesures plus strictes, et tout en continuant à sensibiliser les gens, il faut arrêter d’espérer un changement rapide, radical et délibéré de leur état d’esprit.
Cherif Ben Younès
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