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Covid-19 – Tunisie : Il ne suffit pas de durcir les mesures de protection, il faut être en mesure d’en imposer le respect

La gouverneure de Sousse, Raja Trabelsi, contrôle elle-même le port du maque dans la rue.

En l’absence d’un vaccin efficace, il faudrait d’ici la fin 2022, 7 confinements et dé-confinements en alternance pour arrêter, en 18 mois, l’épidémie de coronavirus. Tout relâchement des mesures de distanciation entre chaque cycle de mesures provoquerait un rebond de l’épidémie. C’est ce qu’indique un chercheur britannique. Une telle perspective, si peu rassurante, devrait dicter aux autorités en Tunisie, où la seconde vague s’avère beaucoup plus dure que la première, un durcissement des mesures sanitaires et un renforcement des moyens de contrôle de leur respect par les citoyens.

Par Faouzi Addad *

On devrait définir dorénavant la première vague de la Covid-19 en Tunisie comme une «vague avortée» et non plus comme une vaguelette, afin de redonner tout le mérite à tous ceux qui ont posé la stratégie de riposte à l’entrée du virus dans notre pays lors de cette première bataille.

Sidi Mahrez n’y était finalement pour rien, ni notre bonne huile d’olive (excellente par ailleurs), ni le vaccin BCG (très utile contre la tuberculose) et même nos patrimoine génétique accumulé depuis 3000 ans. Non, ce sont des hommes et des femmes qui se sont battus nuit et jour pour qu’il n’y ait au final que 50 décès durant la première vague avortée.

Il faudra 18 mois pour arrêter l’épidémie

Sur le site de l’Imperial Collège of London, un document rédigé par un professeur de biomathématique, Neil Ferguson, nous explique clairement, sur la base de modélisations mathématiques, l’impact de mesures non médicamenteuses sur le rythme de propagation de l’épidémie du coronavirus qu’il qualifie de la plus dangereuse menace depuis 1918, date de la «grippe espagnole» ayant décimé des millions d’êtres humains.

Le chercheur définit deux stratégies possibles, celle de l’atténuation de l’impact du virus mais sans interrompre la propagation de l’épidémie afin de soulager le système de santé et celle de sa suppression qui vise à limiter l’épidémie à de très faibles cas circulants (c’est quasiment la stratégie qui a été adoptée en Tunisie lors de l’arrivée du virus avec, notamment, la fermeture des écoles, des lycées et des universités).

En gros, en l’absence d’un vaccin efficace, il faudrait, d’ici la fin de 2022, 7 confinements et dé-confinements en alternance pour arrêter en 18 mois l’épidémie. Tout relâchement des mesures de distanciation entre chaque cycle de mesures provoquerait un rebond encore plus difficile à contenir.

La Tunisie face à sa deuxième vague

Nous traversons aujourd’hui, en Tunisie, notre 2e vague, beaucoup plus sérieuse, en raison d’un relâchement des stratégies mises en place. Aussi devons-nous durcir les restrictions et envisager même un confinement général de 3 jours par semaine (vendredi, samedi et dimanche) ou pourquoi pas une alternance au travail entre des demies équipes qui se relaieraient un jour sur deux ou une semaine sur deux afin de soulager le transport public, principal source de contamination durant la journée.

Bref, on doit faire preuve d’esprit d’innovation pour contrer cette 2e vague. Sinon nous allons droit au désastre en termes de pertes humaines, sans compter les séquelles sur le long terme que laisserait cette maladie chez ceux qu’elle aura atteints.

* Professeur en cardiologie.

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