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« La fuite » : Du théâtre au cinéma, un huis-clos toujours aussi haletant

Le film «La fuite» adapté de la pièce de théâtre éponyme qui raconte la rencontre incroyable entre une prostituée et un salafiste, mise en scène puis réalisée par Ghazi Zaghbani, a été présenté en avant-première dans le cadre des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2020).

par Fawz Benali

On l’a connu comme homme de théâtre, Ghazi Zaghbani, fondateur de l’espace L’Artisto à Lafayette, sort de sa zone de confort et explore pour la première fois le monde du 7e art avec ce premier long-métrage de fiction que lui a inspiré l’une de ses pièces de théâtre à succès «La fuite».

Une situation aussi absurde que comique

Née sur les planches du théâtre de poche L’Artisto, «La fuite» écrite par Hassan Mili et mise en scène par Ghazi Zaghbani est certainement l’une des productions théâtrales ayant le plus fait parler d’elles durant ces dernières années, ne serait-ce que pour l’originalité de son sujet et de ses personnages.

Auréolée du Prix du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour la liberté d’expression, dans le cadre des Journées théâtrales de Carthage (JTC 2018), la pièce interprétée par Nadia Boussettea, Ghazi Zaghbani et Mohamed Grayaâ, a été portée cette année sur le grand écran avec le même trio de comédiens.

Ghazi Zaghbani dans le rôle du salafiste.

Tourné en huis-clos, le film se déroule entièrement dans la chambre d’une prostituée. Celle-ci surprise de voir débarquer chez elle «un client» pas comme les autres. Il s’agit d’un salafiste, qui, pour fuir la police, se retrouve malgré lui dans une maison close où il est obligé de se cacher.

Deux personnages que tout oppose se trouvent donc coincés dans ces quelques mètres carrés, et on imagine toute l’absurdité, mais aussi le comique qu’offre cette situation. Si la prostituée semble vite s’adapter à la présence de cet invité surprise, trouvant cette situation drôle et même avantageuse pour se retrouver pour une fois en position de force, le salafiste, lui, se fait tout discret pour ne pas contrarier son hôtesse qui pourrait à tout moment le dénoncer ou le mettre à la porte.

Le 7e art offre plus de possibilités et d’audace

Toujours en huis-clos et dans le même décor, la pièce n’a pas perdu son éclat ni sa verve, loin de là, car Ghazi Zaghbani l’a dotée de toutes les nouvelles possibilités qu’offre le 7e art, notamment pour orienter le regard du spectateur là où il le souhaite en jouant sur les gros-plans et les différents mouvements de caméra, mais aussi pour se permettre plus d’audace et de prise de risque, même si la pièce n’en avait pas manqué.

Mohamed Grayaâ et Nadia Boussetta.

Pour préserver l’authenticité de l’intrigue, Ghazi Zaghbani a laissé peu de place au montage et a privilégié les plans-séquences qui exigent une grande maîtrise dans le jeu d’acteurs. Le film ne s’est finalement pas éloigné de la pièce, d’autant plus que là encore, tout repose essentiellement sur le texte, car ce sont les dialogues qui nous font avancer dans le récit, beaucoup plus que les actions.

Faire le choix du huis-clos et du temps réel alimente le jeu psychologique, ravive les tensions et révèle toute l’humanité des personnages, qui, malgré tout ce qui les sépare, s’avèrent être deux marginaux, victimes de leur conditions sociales.

«La fuite» sort dans les salles de cinéma à partir du 24 décembre 2020.

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