Accueil » Le poème du dimanche : «Je te nomme mère du mystère» de Mohamed Agina

Le poème du dimanche : «Je te nomme mère du mystère» de Mohamed Agina

Mohamed Agina est resté une voix discrète de la poésie tunisienne, pourtant, son écriture était remarquée dans des textes parus dans la revue Alif, il y a déjà quelques décennies. Poésie installée dans la modernité, liée à l’héritage culturel arabo-musulman, dans une sensibilité délicate et fine. Parole silencieuse, sans tintamarre ni bruit. Entre intimité et réalité arabe.

Né en 1950 à Monastir, Mohamed Agina est Prof. de littérature arabe, traducteur, interprète.

Parmi ses œuvres (en arabe) : «Il n’y a de vainqueur que la beauté, il n’y a de vainqueur que la tristesse» (éd. L’Or du Temps, Tunis, 2007); «Encyclopédie des légendes arabes en Arabie préislamique et leurs significations» (éd. Al-Farabi, Liban, 1994 / éd. Al ‘Arabiya, Sfax, 2005); «Gravures dans la littérature et les légendes» (éd. Al Ma’rifa, Tunis, 2006). Il est aussi le traducteur en arabe entre autres du roman «Le passé simple» de Driss Chraïbi et «Le fils du pauvre» de Mouloud Feraoun (éd. Cérès)

Tahar Bekri

  1. Je te nomme mère du mystère

Air de lavande

La fonte des nuits

sur une lèvre ouvrant une porte

sur le miel de l’univers

Que veux-tu ?

Jusqu’à quand voyages-tu

entre un temps et un autre

Entre un temps ancien et une saison nouvelle?

  1. Mes côtes ont la nostalgie

de la sève de l’amande

près de côtes qui gémissent

du pouls de deux paumes exténuées

d’un café de minuit

le café de la mi-aube

qui précède l’éclat de la lumière

Ma nostalgie déborde

Fontaines qui chantent les nouvelles

de ta pistache fraîche

Me noyant dans la mer de sa joie

Couvre-moi !

Me manquent les battements

des papillons de tes paupières

Le rire du blé

A l’aube d’albâtre

dans l’amande de ton visage

Me manque la visite de l’aube

Le baiser au milieu du matin

Me suffit de voir la figue de la poitrine croître

Doucement comme l’ouverture du chant

  1. Je reviens à un temps qui n’est plus le mien

Un temps dont on m’a volé l’enfance

Couvre-moi

Afin que la poésie me soit révélée à l’aube

Boule de feu

Parole tendre

Ces oiseaux s’envolent de l’arbre de mon cœur

Vœu et désir

Pour une saison proche et lointaine

  1. Et ranger je suis à une rue au Golfe

Étranger est mon arrêt pour pleurer les ruines

Mon désir au coucher du soleil

Pour un temps qui n’est plus mien

Ton printemps est Grenade

La beauté et l’orgueil

L’impatience pour ce temps nouveau

Traduit de l’arabe par Tahar Bekri

Le poème du dimanche : ‘‘Cesse mon cœur’’ de Aboulkacem Chebbi

Le poème du dimanche : ‘‘Me voici devant vous’’ de Mohamed Sghaïer Ouled Ahmed

Le poème de dimanche : ‘‘J’écris’’ de Moncef Ghachem

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.