Accueil » Tunisie : les inconfortables louvoiements du parti Echaâb

Tunisie : les inconfortables louvoiements du parti Echaâb

Les participants au 2e parti du parti Echaâb, à Hammamet.

Le mouvement Echaâb (nationaliste arabe) continue de louvoyer, ne sachant plus sur quel pied danser. Ainsi, et tout en continuant à soutenir la feuille de route proposée par le président de la république Kaïs Saïed pour sortir la Tunisie de la période d’exception que le chef de l’Etat avait inaugurée, le 25 juillet 2021, il continue de demander à ce dernier d’organiser un «dialogue national», qui ferait participer les organisations nationales et les «forces progressistes» (sic!), proposition qui traduit chez celui qui la fait un esprit d’exclusion si peu démocratique.

Par Imed Bahri

Selon Ali Ben Aoun, président du 2e congrès du mouvement Echaâb, qui parlait à l’agence TAP, samedi 26 mars 2022, en marge de la deuxième journée de cette joute politique tenue à Hammamet, les élections anticipées annoncées par le président de la république pourraient être couronnées de succès ou échouer. Et le parti Echaâb doit être prêt à faire face à ces deux éventualités.

Aussi, a-t-il expliqué, il y a eu un accord au sein du parti sur la nécessité de contribuer activement aux deux rendez-vous prévus par la feuille de route présidentielle pour mettre fin à la période d’exception, à savoir le référendum sur les réformes politiques, qui devrait se tenir le 25 juillet prochain, et les élections législatives, fixées au 17 décembre.

Ali Ben Aoun.

Un accord «conditionné»

Il s’agit d’un accord «conditionné», a-t-il cependant précisé, car il va falloir d’abord réformer le système politique et revoir le système électoral, y compris le règlement et le rôle des sondages d’opinions.

Concernant l’autorité qui devrait superviser le processus électoral, Ali Ben Aoun s’est dit opposé à un éventuel recours à l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), ayant supervisé tous les scrutins depuis 2011, ou au ministère de l’Intérieur, comme c’était le cas avant 2011, au temps de la dictature, suggérant de confier cette mission, lors des prochaines législatives, à une «instance judiciaire civile», dont les membres seraient forcément nommés par décret présidentiel. Ce qui ferait de M. Saïed à la fois juge et partie, mais M. Ben Aoun ne semble pas gêné outre mesure par cette perspective.

Le président du 2e Congrès d’Echaâb a également indiqué que son mouvement est favorable à un «dialogue national» avec les organisations nationales et les forces progressistes, notant que la concertation nationale organisée par le chef de l’Etat ne saurait en tenir lieu et reste donc «insuffisante».

S’opposer aux opposants

Le problème pour les dirigeants d’Echaâb, c’est qu’ils font montre d’une duplicité (cette manière opportuniste de s’asseoir sur deux chaises) qui réussit rarement en politique. Ils continuent de soutenir le président Saïed et de s’opposer… à ses opposants, en espérant qu’il fasse le ménage pour eux en les débarrassant de leurs adversaires politiques (les islamistes, les libéraux et les destouriens), tout en lui demandant de dialoguer… mais seulement avec eux.

Cependant, le problème avec M. Saïed, c’est que, dans son rejet de la partitocratie ayant dominé la scène politique en Tunisie au lendemain de 2011, il ne fait point de différence entre les partis quels qu’ils soient et quelles que soient leurs idéologies, et dans son esprit Echaâb fait partie du lot. C’est ce les camarades de M. Ben Aoun feignent d’ignorer en continuant à alterner les déclarations de soutien total au président de la république et le rejet de sa démarche politique hostile à la démocratie représentative incarnée par les partis, Mais jusqu’à quand vont-ils poursuivre dans cette voie inconfortable et qui risque, à la longue, de les décrédibiliser totalement aux yeux de leurs électeurs ?

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.