Tunisie : potentiel et difficultés du secteur du cuir et de la chaussure

«Le secteur du cuir et chaussures en Tunisie s’ouvre à la technologie pour renforcer sa valeur ajoutée. Le potentiel y est malgré la morosité ambiante. Artisans, jeunes créateurs et entreprises doivent y croire et saisir les opportunités qui s’y présentent», a lancé, mardi 17 mai 2022, sur un ton optimiste, le DG du Centre national du cuir et de la chaussure (CNCC), Nabil Ben Bechir.

D’après Ben Bechir, qui s’adressait aux jeunes venus assister à la 30e édition du Concours euro-méditerranéen «Le Talon de cristal – Créatif 2022», à la Cité des Sciences à Tunis, «l’ouverture du secteur sur le monde de la technologie est un appel lancé aux jeunes talents pour intégrer un secteur qui a souvent été perçu comme l’un des plus traditionnels, mais qui a enfin décidé de surfer sur la vague de l’évolution technologique pour attirer une main d’œuvre de plus en plus qualifiée».

Des recettes d’exportation estimées à 1600 MDT en 2021

Par ailleurs, de nombreux jeunes ont été présents à un panel sur «Les mécanismes de financement et d’accompagnement des projets innovants dans le secteur des industries du cuir» , organisé dans le cadre de ce concours de deux journées (17 au 18 mai 2022) et ayant, cette année, pour thème «Réinventer le classique à l’ère de la nouvelle technologie».

Pour sa part, le président de la Fédération nationale du cuir et de la chaussure (FNCC), Akram Belhaj, a souligné que le secteur couvre toute une chaîne de valeur qui va de l’élevage au processus industriel, assure 4% de la production industrielle et contribue activement aux exportations nationales, précisant que ses exportations se sont élevées, en 2021, à 1600 millions de dinars tunisiens (MDT) contre des importations de 1000 MDT, soit un excédent de 600 MDT.

M. Belhaj a estimé que la marge de développement des exportations du secteur sont énormes d’autant plus que ses exportations couvrent à peine 1,8% de la consommation européenne en matière de chaussures.

La concurrence destructive du secteur de la friperie

Il a cependant fait état de grandes difficultés rencontrées par les entreprises du secteur et d’une régression du nombre des employés de 60 000 en 2010 à 33 000 en 2022, expliquant cette régression par la concurrence illégale par l’importation de chaussures et de produits en cuir par le secteur de la friperie, l’absence de contrôle sur la qualité des produits finis et semi-finis importés, le commerce parallèle…

Il a ainsi plaidé pour une application ferme de la loi, notamment l’Arrêté du ministre de l’Industrie et des PME et du ministre du Commerce du 7 août 2020, relatif à l’étiquetage de la composition des chaussures et des articles similaires et fixant leurs exigences de sécurité et la loi interdisant la vente des chaussures dans la friperie.

M. Belhaj a aussi épinglé un manque d’accompagnement aux jeunes promoteurs au niveau des structures de financement et des structures administratives, appelant à simplifier les procédures, à alléger les processus de création d’entreprises et d’octroi des financements pour favoriser la création d’entreprises.

La réticence des jeunes à se former dans le domaine du cuir

Le responsable a, par ailleurs, déploré la réticence des jeunes à se former dans ce domaine, espérant que la nouvelle orientation vers plus de technologie et les nouveaux partenariats conclus et à venir avec les universités et les entreprises technologiques puissent redonner aux jeunes la volonté d’y investir.

Le panel auquel ont assisté des représentants de la BFPME, d’Enda Tamweel et du programme Tamweeli a aussi été l’occasion pour les jeunes présents de débattre de leurs préoccupations en matière de financement avec les spécialistes du métier.

Source : Tap.

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