Tunisie : la e-administration à l’épreuve du retrait en ligne de l’extrait de naissance

Le retrait en ligne de l’extrait de naissance est théoriquement possible en Tunisie. Mais la procédure est tellement compliquée, fastidieuse et barbante qu’elle en devient impossible. Beaucoup, en tout cas, l’ont essayée via le site web dédié, mais ils n’y sont pas parvenus.

Par Imed Bahri

Parmi les problèmes rencontrés, on citera le prix à payer qui n’est indiqué nulle part dans la plateforme dédiées, à moins que ce soit en petits caractères et dans un placement impossible.  

Ce matin, mercredi 17 août 2022, l’accès au service n’était même pas possible, comme le prouve la capture d’écran reproduite ci-haut. Bug passager sans doute, mais cela provoque des désagréments qui auraient pu être évités en en traitant les causes.

Le système demande le paiement en ligne, qui existe partout dans le monde depuis des années. Mais cela ne pose problème qu’à ceux qui ne font jamais confiance à ce système de paiement.

En France, par exemple, si vous avez besoin d’un acte de naissance, deux documents différents peuvent vous être délivrés : une copie intégrale (c’est-à-dire la reproduction de l’ensemble de votre acte de naissance) et un extrait avec filiation. Par ailleurs, la demande est gratuite, et elle inclut les frais d’expédition.

On continue à faire la queue au guichet

En Tunisie, l’extrait de naissance intégral n’est pas prévu dans le système, qui présente deux handicaps majeurs : les frais en ligne sont supérieurs aux frais payés en guichet et l’envoi par la poste est aléatoire (délai, perte…). Résultat : la majorité des citoyens vont continuer à faire la queue au guichet.

Voilà la réalité de l’administration électronique dont on continue de nous rebattre les oreilles en Tunisie.

Est-ce que nos ingénieurs informaticiens sont des manchots ou mal formés ? On ne le pense pas. Et on écarte aussi la possibilité qu’ils soient moins bons que leurs collègues français, puisque beaucoup d’informaticiens tunisiens réussissent, justement, en France et ailleurs dans le monde.

On peut cependant attribuer les ratés de la e-administration tunisienne au fait que nos meilleurs ingénieurs informaticiens préfèrent monnayer leur talent dans le privé ou à l’étranger, où ils sont mieux rémunérés et leurs connaissances mieux valorisées, et que les moins compétents «échouent», et c’est le cas de le dire, dans la fonction publique, en attendant de mieux.

Le frein bureaucratique

On peut aussi imaginer qu’ils ne disposent pas des moyens humains et techniques leur permettant de développer des systèmes irréprochables ou qu’ils sont mal encadrés par une bureaucratie prolifique, bavarde et incompétente.

Il faut dire qu’avec l’administration électronique on change de paradigme et ce sont tous les mœurs bureaucratiques éculées qui sont bousculées. Et cela crée de distorsions de toutes sortes que ne peut supporter un système trop hiérarchisé où les «chefs», au lieu de faciliter les procédures, les compliquent pour se donner du boulot, car ils sont désœuvrés les pauvres chéris.

Or, on le sait, la e-administration est efficace ici et maintenant ou ne l’est pas. Il n’y a pas un juste milieu et elle ne peut souffrir la sophistication bureaucratique. *

* Le Journal officiel de ce jour a publié le décret du ministre de l’Intérieur précisant que l’extrait de naissance en ligne se fera pendant une période d’essai de 6 mois «gratuitement».

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