Tunisie : gare à la goutte qui fera déborder le vase !

Son altesse républicaine, Kaïs Saïed, qui semble avoir un grand problème avec l’empathie, comme les exécuteurs de ses ordres, notamment Taoufik Charfeddine et Leila Jaffel, vizirs respectifs de la police et de la justice, mais également la dame vizir de la culture, Hayet Guettat Guermazi, qui ont défilé en stars la semaine dernière à Djerba, à quelques kilomètres de Zarzis, comme si rien ne se passait dans cette ville où des citoyens n’ont pas fini d’enterrer leurs morts.

Par Meriem Bouchoucha *

Se prenant en photo avec le gouverneur de Médenine, dessinant un sourire auquel nous n’avons pas eu droit même le jour de l’an, Kaïs Saïed a nargué toutes les familles de toutes les victimes des embarcations de la mort en Tunisie et ailleurs.

Le gouverneur, rappelons-le, est le représentant de son altesse républicaine dans le gouvernorat de Médenine, et il est choisi par ses soins. Il chapeaute une administration qui enterre les corps des victimes des embarcations de la mort dans un cimetière dédié aux victimes anonymes, laissant leurs parents les chercher désespérément d’un cimetière à l’autre.

Un pays gouverné par des incapables

A noter que les pêcheurs de la région sont en première ligne pour aider, à titre bénévole, à la recherche des victimes et au repêchage de leurs corps.

Bien entendu, les faux-sages, entre deux voyages à l’étranger avec un visa règlementaire, considèrent que la mort dans ces embarcations est méritée par ceux qui se sont jetés volontairement à la mer.

Quant à Kaïs Saïed, ses vizirs, son wali et sa police ne cessent de nous prouver que se jeter à la mer est un moindre mal et que c’est finalement moins dangereux que de vivre dans un pays gouverné par des incapables.

D’Ettadhamen à El-Battan et du tribunal de Ben Arous à celui de Manouba, nous avons été bien édifiés sur ce que peuvent faire les policiers et les juges en quelques jours d’intervalle.

Pour ce qui est des porte-paroles des ministères de l’Intérieur et de la Justice, ils se sont chargés de nous démontrer, eux et les institutions qu’ils représentent, le peu de cas qu’ils font de la valeur de la citoyenneté.

Suite au drame de Zarzis, et le jour même où la police arrosait la ville de bombes lacrymogènes, Kaïs Saïed exprime son soutien à un gouverneur que ni Ben Ali et encore moins Bourguiba n’auraient gardé une seconde en poste. Par respect aux citoyens en général, et à la ville de Zarzis et à ses habitants en particulier, un tel gouverneur aurait été dû être limogé le jour même parce qu’on ne peut pas calmer la grogne avec un responsable aussi médiocre.

La répression banalisée

Il faut croire que son altesse républicaine a besoin d’autant de médiocres autour de lui et sous ses ordres pour pouvoir briller un tant soit peu.

Pour anticiper la réaction des faux-sages, rappelons que tous les grands événements internationaux sont accompagnés de manifestations que ce soit des altermondialistes, des militants écologistes, des défenseurs des droits de l’homme ou autres mouvements, dont la répression n’est jamais légitimée ni par la population ni par la presse ni par la justice. Ce qui n’est pas le cas sous nos cieux où réprimer une manifestation, tabasser les gens qui protestent et continuer à les maltraiter dans les locaux de la police sont considérés par certains hauts responsables comme des actes acceptables.

Monsieur le président de la république, au lieu de vous focaliser sur des projets inutiles et sans intérêt pour la faune et la flore, lisez un peu l’histoire de ce pays, vous saurez que le vase est déjà bien rempli et que la goutte qui le fera déborder est pour très bientôt.

* Docteur en économie.

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