Tunisie : les prémices de la crise monétaire se précisent

La masse monétaire M3 en novembre 2022 a connu, en Tunisie, une croissance de 8,6% sur un an (YoY), un rythme plus rapide par rapport à la croissance de 8% observée en novembre 2021.

C’est ce qu’indique le dernier rapport de la Banque centrale de Tunisie (BCT) sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives à moyen terme, publié jeudi 2 février 2023.

L’agrégat M3 est l’indicateur le plus étoffé relatif au crédit bancaire. La caractéristique commune des différents placements de l’agrégat M3 est que tous figurent parmi les moins «liquides» de la masse monétaire : ils ne peuvent être convertis en monnaie qu’à condition de respecter un certain délai. Il s’agit, principalement, des dépôts à terme d’une durée supérieure à deux ans, les OPCVM monétaires (Sicav, FCP…) et les pensions.

Poursuite de la baisse des liquidités

Cette croissance de la masse monétaire M3 est principalement due à une augmentation significative de la catégorie «M2-M1», qui a connu un taux de croissance de 10,7%, contre 7,9% l’année précédente.

L’augmentation peut être attribuée à la hausse des certificats de dépôt de 38,9%, contre une baisse de 2,8% l’année précédente, et à une hausse des dépôts à terme de 10,1%, contre 6,8% en novembre 2021.

En revanche, la masse monétaire M1, c’est-à-dire l’ensemble des pièces et des billets en circulation ainsi que les dépôts à vue domiciliés auprès des banques (comptes courants), c’est-à-dire les avoirs les plus liquides est restée quasiment inchangée, avec un taux de croissance de 7,2% (contre 7,3 % en novembre 2021).

L’augmentation de la masse monétaire M3 peut être attribuée à deux facteurs : la hausse des créances nettes sur les entités étrangères en novembre 2022, tirée par une augmentation des réserves de change, et l’accélération du taux de croissance des prêts à l’économie.

En outre, les créances nettes sur l’État ont connu une augmentation moindre par rapport à l’année précédente.

Ralentissement de la croissance des crédits

Parallèlement, les données du Bureau central d’information de la BCT ont montré que les prêts à l’économie ont augmenté à un rythme plus lent en novembre 2022, avec un taux de croissance en glissement annuel de 6,9​​% contre 7,3% en octobre 2022 et 6,1% en novembre 2021.

Le ralentissement de la croissance des crédits à l’économie a impacté les crédits accordés aux professionnels qui ont connu une croissance sur un an de 8,3% en novembre 2022 contre 8,7% en octobre 2022 et 5,9% en novembre 2021. Cela s’est particulièrement manifesté sur les crédits à court terme, qui a affiché une croissance en glissement annuel de 16,7 % contre 18,5 % en octobre 2022.

Le ralentissement de la croissance des crédits a également affecté les crédits accordés aux particuliers, qui affichent une croissance en glissement annuel de 3,1% contre 3,3 %. Cela se traduit par le ralentissement de la croissance des crédits à la consommation, avec un taux de 3,3% contre 3,7%, et des crédits à l’habitat, avec un taux de 2,7% contre 2,9%.

I. B.

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