Le poème du dimanche : ‘‘Alchimie de la lenteur’’ de Pierre Oster Soussouev

Né en 1933 à Nogent sur Marne, d’origine luxembourgeoise, Pierre Oster, est poète et éditeur français. Il a associé son nom à celui de son épouse d’origine russe.

Je rencontrais Pierre Oster Soussouev ici et là, amical, courtois, à l’humour alerte, contredisant une tenue d’apparence rigoureuse.

Son œuvre, importante, publiée chez différents éditeurs de Gallimard à Babel-Mazamet, a été couronnée de nombreux prix littéraires. Elle fut saluée dès ses débuts par des écrivains qui ont joué un grand rôle dans la reconnaissance du poète.

Sa poésie, à la sagesse philosophique, à l’encontre des courants de mode, dit l’essentialité du monde et des choses. Il décède en 2020.                                               

Quelques titres : Le champ de mai; La grande année; Une machine à indiquer l’universPaysage du tout. 

Tahar Bekri

Il est une espérance qui nous ouvre une présomption de splendeur : sous un soleil non pas distinct.

Je tiens avec beaucoup d’amour pour un ordre défini. Puis la nécessité en moi éclate d’une douce progression.

Miettes poétiques retombant sur le sol nourricier.

L’empirisme de l’instant, le seul empirisme m’emporte. Dans l’instant, mes frontières, je les franchis.

Si la saisie sensorielle oscille, si nous balançons une découverte impossible et quelque perte ultime, tirons-nous un avantage- une leçon esthétique ; élargissons nos incomplètes expériences.

L’humanité, de page en page : pareille au chapitre oublié d’un livre limpide…

Une préférence pour les moralistes que leur morale rejette ; l’étrange morale de l’émotion et de la sève.

Demeurons purs, à l’image des choses. Soyons des choses les dévots.

Adhésion au vigoureux patron des plantes, à la patience des animaux, à l’or des minéraux ; à de grandes unions.

La machine ne marchera qu’orientée ; elle montre la direction la moins facile.

Faire fond sur la pérennité des êtres, creuser ce creuset-là ; le polir.

Alchimie de la lenteur, Babel Editeur-Mazamet, 1997.

(Remerciements à l’éditeur)

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