Sans réformes, la Tunisie risque une pénurie de devises et un rationnement des importations

La Tunisie devrait réaliser une croissance du PIB de 2,3 % en 2023 à condition que des réformes structurelles «suffisamment ambitieuses» soient adoptées, indique la Banque mondiale (BM) dans un bulletin de conjoncture consacré à la Tunisie publié jeudi 30 mars 2023.

Ces prévisions supposent la finalisation de l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI) au cours du premier semestre de 2023 et la mobilisation d’un financement suffisant pour couvrir les besoins extérieurs et budgétaires, souligne la BM dans son rapport intitulé «Réformer les subventions énergétiques pour une économie durable» (Printemps 2023). Elles supposent, également, la concrétisation des réformes fiscales dans la loi de finances 2023 dont celles relatives aux subventions et à l’élimination des obstacles entravant la concurrence.

Selon la Banque, ces prévisions sont basées sur le taux de croissance des deux derniers trimestres de 2022, période présentant des conditions similaires à celles susceptibles de prévaloir en 2023, en termes de prix des matières premières et d’incertitude autour des conditions de financement.

Le taux de croissance prévu pour 2023 est également, aligné sur le taux de croissance de long terme d’avant Covid-19 (2011–2019).

Dans son rapport, l’institution financière internationale a estimé que ces prévisions demeurent exposées «à des risques significatifs à la baisse liés au rythme d’implémentation des réformes structurelles et à l’évolution des conditions de financement».

Ainsi, ces projections seraient «considérablement inférieures», si la Tunisie ne mettait pas en œuvre des réformes fiscales décisives et en faveur de la concurrence, ou si les financements disponibles n’étaient pas suffisants pour couvrir ses besoins extérieurs de la Tunisie, notamment en raison du retard pris dans la finalisation de l’accord avec le FMI.

D’après la BM, ces conditions «difficiles» pourraient entraîner une pénurie de devises dans l’économie et un rationnement des importations. Cela pourrait conduire à une dépréciation du dinar, aggravant ainsi, les pressions inflationnistes existantes.

Outre ces difficultés, la Tunisie serait également, confrontée à des défis pour honorer les paiements «élevés» de sa dette extérieure au second semestre de 2023, ce qui ne sera pas sans impact sur l’activité économique et l’emploi.

Néanmoins, l’évolution «relativement plus favorable» des prix des produits de base ainsi que certaines réformes des dépenses devraient réduire le déficit de la balance courante en 2023, qui resterait difficile à financer sans réformes.

Selon la même source, le déficit commercial devrait s’améliorer légèrement, passant de 15%, en 2022, à 14,8% du PIB, en 2023, et ce, lorsque les prix des produits de base commenceront à se stabiliser.

Une évolution plus favorable des prix des produits de base ainsi qu’une certaine rationalisation des dépenses publiques, pourraient aussi, contribuer à réduire le déficit budgétaire à 4,6% du PIB (contre 6,6% en 2022), comme le prévoit la loi de finances de 2023.

En somme, la Banque mondiale a souligné l’impératif de conclure l’accord avec le FMI qui pourrait servir de «catalyseur» pour plusieurs bailleurs et permettrait ainsi, de couvrir les besoins en financements extérieurs.

Pour elle, la mise en œuvre d’un programme de réformes «ambitieux» visant à améliorer l’équilibre budgétaire et à accroître la compétitivité, reste également «cruciale» pour financer durablement le déficit.

Les réformes conditionnent les financements extérieurs

Si le rythme des réformes et le niveau de financement restaient «suffisants», la Tunisie devrait connaître une légère accélération de sa croissance à moyen terme ainsi qu’une stabilisation de ses déséquilibres macroéconomiques et budgétaires, estime la BM. Elle devrait ainsi, atteindre 3% en 2024–2025.

Malgré les réformes des subventions, la BM s’attend aussi à une légère diminution de l’inflation en raison de l’écart de production relativement important après la pandémie du Covid-19 et des légères augmentations des salaires publics suite à l’accord gouvernement-UGTT, en 2022.

Selon elle, ces conditions, ainsi que la poursuite des réformes des subventions, devraient aider la Tunisie à réduire ses déficits du compte courant et du budget, ce qui faciliterait les conditions de financement.

De plus, la légère augmentation de la croissance économique devrait entraîner une diminution du taux de pauvreté en-dessous des niveaux pré-Covid, d’ici 2025.

Cependant, ces perspectives à moyen terme restent conditionnées par la poursuite d’un rythme ambitieux de réformes et de conditions de financement suffisantes.

D’après Tap.

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