Les Tunisiens et le réflexe primaire du blâme de l’autre

On a tendance, en Tunisie, à imputer la responsabilité de la montée de la violence uniquement à l’islam politique. Or, le plus grand défi sera d’extirper de nos discours et pratiques quotidiens le réflexe primaire du blâme de l’autre, de la stigmatisation et de l’exclusion, terreau fertile de toute violence, y compris terroriste. (Illustration: manifestation contre le racisme à Tunis).

Par Elyes Kasri *

A la suite de l’attaque terroriste de la synagogue de la Ghriba à Djerba et pour sauver ce qui peut l’être de l’image de marque de la Tunisie et de la saison touristique et éviter une cascade d’actes insensés comme en 2015 (18 mars : le musée du Bardo – 26 juin : hôtel Imperial Marhaba à El Kantaoui – 24 novembre : attaque du bus de la garde présidentielle à Tunis), il urge de rassurer les pays émetteurs de touristes en prenant des mesures correctives au niveau de l’organisation du dispositif sécuritaire aussi bien en interne que dans le cadre de la coopération internationale.

Des temps difficiles

Toutefois, le plus urgent, alors que la Tunisie se prépare à affronter des temps difficiles dus à la crise économiques et aux aléas climatiques, dans une ambiance de tension sociale et politique, serait d’atténuer le discours de la stigmatisation et de l’exclusion qui ne cesse de monter dans un crescendo infernal depuis 2011 et pourrait expliquer, tout du moins en partie, la montée de la violence et une certaine facilité du passage à l’acte violent et des fois meurtrier et terroriste.

Il serait judicieux de résister à la tentation d’imputer la responsabilité de la montée de la violence uniquement aux pratiques insidieuses et subversives des tenants de l’islam politique.

La période à venir risque de déstabiliser d’importants segments de la population tunisienne. Il importe de trouver les solutions appropriées à tous les niveaux, économique, social, politique et sécuritaire. Le plus grand défi sera d’extirper de nos discours et pratiques quotidiens le réflexe primaire du blâme de l’autre, de la stigmatisation et de l’exclusion, terreau fertile de toute violence psychologique et émotionnelle qui peut facilement passer à l’acte dès que l’occasion se présente.

* Ancien ambassadeur.

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