Tunisie : les douteuses «performances» de Tunisair

Jusqu’à quand les Tunisiens devraient-ils continuer à être les otages de l’Etat tunisien et les vaches à lait de Tunisair, une entreprise publique très mal gérée, qui cumule les déficits et coûte très cher à la communauté nationale, alors qu’elle bénéficie d’un quasi-monopole du ciel national où elle n’est soumise à aucune concurrence sérieuse?

Par Imed Bahri

Le nombre de vols programmés par la compagnie Tunisair pour l’été 2023 a augmenté d’environ 330 000 sièges, soit une amélioration de 17% par rapport à 2022, a annoncé le ministère des Transports dans un communiqué publié mardi 4 juillet 2023, en omettant de préciser que la compagnie dispose aujourd’hui d’à peine une quinzaine d’avions opérationnels pour une flotte globale d’une trentaine d’appareils en majorité frappés de vétusté.

«Cette hausse s’explique par la baisse des prix des billets d’avion par rapport à l’été dernier, afin de répondre à la demande des Tunisiens résidant à l’étranger et des agences de voyages», indique le ministère dans son communiqué, ajoutant que Tunisair a programmé 14 238 vols, totalisant 2 240 000 sièges durant la saison estivale, sans préciser non plus que, pour pouvoir effectuer tous ces vols, la compagnie va être obligée d’affréter des appareils d’autres compagnies, comme elle le fait depuis plusieurs années en pareille période de l’année.

19 000 places vendues pour cet été… dans un marché captif

La campagne de vente de billets pour les expatriés tunisiens est déjà en cours depuis décembre 2021. A cet effet, le transporteur public a lancé des tarifs «réduits » durant l’été 2023, pour inciter les passagers à programmer leurs vols hors haute saison, en plus de trois offres promotionnelles avec des billets à tarif «réduit» au profit des expatriés tunisiens de France, d’Italie, d’Allemagne, de Suisse, du Royaume-Uni, de Belgique, d’Autriche, d’Espagne et du Canada, pour une période de voyage du 17 juin 2023 au 20 août 2023.

«Pour promouvoir le tourisme tunisien, Tunisair, en partenariat avec des agences de voyages, propose des sièges à tarif réduit, ce qui permet à ces agences de proposer des offres attractives comprenant des billets d’avion et des hôtels pour promouvoir la destination tunisienne», souligne le ministère des Transports, en précisant que les tarifs aériens élevés ne concernent que les dernières places disponibles sur chaque vol, conformément aux principes de rationalisation des ventes.

Il reste bien sûr à préciser par rapport à quoi ces tarifs sont-ils «réduits», étant donné que Tunisair n’est en compétition qu’avec elle-même et que ses clients n’ont pas souvent le choix, alors que beaucoup d’entre eux continuent de se plaindre de la grande détérioration de ses services au sol et en vol (retards à répétition, manque de communication, vol de bagages, etc.).  

Dans ces conditions, il n’y a aucune fierté à tirer du fait que plus de 19 000 places ont été vendues dans le cadre des dernières offres promotionnelles, avec une augmentation de 69% par rapport à 2022, comme précisé par le ministère des Transports.

Les non-dits du ministère des Transports

Cependant, ce que le ministère des Transports ne dit pas dans son communiqué, c’est  que grâce au monopole du ciel tunisien dont elle bénéficie, la compagnie Tunisair impose carrément ses prix, qui restent très élevés comparativement à ce que d’autres compagnies pourraient pratiquer si ce monopole était levé, comme le revendique de nombreux voyagistes et professionnels du tourisme, lesquels se sentent, à juste titre, très lésés par cette domination de Tunisair du ciel tunisien.

En réalité, l’Etat tunisien, en refusant de libérer le ciel tunisien, au mépris de toute logique économique, continue de maintenir sous perfusion une entreprise publique, Tunisair en l’occurrence, qui est très mal gérée, qui cumule les déficits, et qui coûte très cher à la communauté nationale.

Combien de temps encore, nous autres Tunisiens, devrions-nous continuer à être les otages de l’Etat tunisien et les vaches à lait de Tunisair ? Voilà la question à laquelle nous aimerions que le ministère des Transports et son titulaire, Rabii Majidi, nous réponde, en toute sincérité, sans langue de bois et sans dérobade.

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