Tunisie : la commission électorale nettoie ses rangs des éléments insoumis

Les nouveaux membres de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) ont prêté serment devant le président de la république, Kaïs Saïed, lors d’une cérémonie organisée, jeudi 14 septembre 2023, au Palais de Carthage, en présence du président de l’instance électorale, Farouk Bouaskar.

Il s’agit de Najla Abrougui (magistrat de l’ordre judiciaire), Aymen Boughattas (juge administratif) et Belkacem Ayachi (ancien membre de l’Isie). Qui les a choisis et sur quels critères ont-ils été choisis ? Il fut un temps pas très lointain où les membres de l’Isie étaient élus par l’Assemblée et leur choix était soumis à des tractations politiques. Ce n’était sans doute pas la meilleure méthode, même si elle pouvait paraître la plus démocratique, car elle préservait au moins les apparences ou respectait les formes.   

Pour M. Bouaskar et ses collègues, le problème est simple : il a fallu débarrasser la commission des empêcheurs de tourner en rond, notamment Sami Ben Slama et Maher Jedidi, et cela a été fait de manière plutôt brutale. Il a fallu aussi les remplacer à pied levé avant les prochaines échéances électorales. Et cela été fait, sans état d’âme, de la manière la plus expéditive.

C’est, bien entendu, le président de la république qui choisit désormais les membres de l’instance, probablement sur la base d’une liste préliminaire qui lui est proposée. Mais cela n’entache-t-il pas la crédibilité et l’indépendance supposées de cette instance dont tous les membres sont au final choisis, nommés et soumis aux instructions du chef de l’Etat, qui devient ainsi juge et partie, étant probablement bientôt candidat à sa propre succession ?

Anticipant une telle critique, M. Saïed a, dans une vidéo relayée par la page officielle Facebook de la présidence de la république, exhorté les nouveaux membres de l’instance électorale à faire de leur mieux pour lutter contre l’argent sale, les pressant à faire preuve de rigueur et vigueur lorsqu’il s’agit d’appliquer la loi sans discrimination aucune afin que les élections reflètent fidèlement la volonté du peuple.

Le chef de l’État a par ailleurs souligné que le pourvoi aux vacances de poste au sein de l’Isie a été opéré en bonne et due forme conformément aux procédures requises (lesquelles ?) et dans le respect de la loi, affirmant qu’il a respecté toutes les échéances électorales et qu’il n’hésiterait jamais à imposer la loi à tous.

Evoquant le bicamérisme du nouveau parlement, le président Saïed a tenu à préciser que la relation entre les deux chambres parlementaires sera bel et bien régie par un texte qui verra le jour sous peu et ce dans le respect de l’unité de l’Etat.

De son côté, le président de l’instance électorale a souligné que l’Isie exerce ses fonctions en toute indépendance et impartialité et qu’elle veille scrupuleusement à appliquer la loi à tous – et on est bien entendu tenus de le croire sur parole.

Revenant sur les préparatifs de l’Isie en prévision des prochaines élections locales, Farouk Bouaskar a indiqué que la commission électorale a lancé une campagne de sensibilisation visant à tenir informés les citoyens du rôle dévolu aux conseils locaux qui permettront aux micro-imadats d’avoir une voix et d’être équitablement représentées.

Il convient de signaler que la nomination des trois nouveaux membres du Conseil de l’Isie est régie par le décret n°583 publié au JORT en date du 13 septembre 2023.

I. B.

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