L’économie tunisienne peine à construire un nouveau cycle de croissance

Dans le cadre de son programme d’analyse prospective sectorielle, sous l’égide du Conseil Bancaire et Financier (CBF), l’agence de notation PBR Rating a présenté, son diagnostic macroéconomique et exposé les perspectives d’évolution des différents secteurs d’activités sur les prochains mois. 

En collaboration avec le CBF et devant les représentants des banques et autres établissements et institutions financières, PBR Rating vient de dévoiler la dernière version de son étude trimestrielle d’analyse des risques macroéconomiques et sectoriels en Tunisie. Un rapport basé sur une double méthodologie (économique et économétrique), ayant pour but de sensibiliser les établissements financiers sur les risques et les opportunités de financement des principales activités économiques (INS) et de modéliser les mutations à venir en matière d’opportunités de financement et de création de valeur. Pour rappel, l’objectif du programme est de consolider le développement économique national à travers le renforcement du financement des entreprises tunisiennes en matière d’investissement et de financement du cycle d’exploitation.   

Les problématiques cruciales

Ainsi, après des exercices difficiles, marqués par une crise économique structurelle interne et des impacts exogènes très importants, l’économie tunisienne peine encore à retrouver un nouvel élan pour construire un nouveau cycle de croissance.

Le secteur privé ainsi que la situation financière de l’Etat central ne permettent pas d’envisager une reprise économique pérenne et significative sans réformes structurelles majeures. Au-delà des mesures discutées avec les partenaires internationaux, dans le cadre du soutien des finances publiques et de l’équilibre budgétaire (avec un déficit budgétaire estimé à 5,5%, dans le cadre de la loi de finance 2023), le pays a besoin de réformes économiques majeures ayant un impact significatif sur les problématiques cruciales de développement en Tunisie :

  • l’impulsion de l’investissement;
  • le renforcement de l’exportation;
  • la gestion des énergies et des ressources; 
  • le marché du travail;
  • la libération des potentiels productifs et le solutionnement des problématiques de fixation des coûts et des marges (notamment dans l’agriculture, les industries marchandes et non-marchandes).  

Coût de l’inaction et de la non-réforme

Les difficultés macroéconomiques tunisiennes (inflation moyenne estimée à 9.8% sur l’exercice 2023, déficit commercial estimé à 22,4 milliards de dinars TND MD sur l’exercice 2023, etc.), expriment, en grande part, le coût de l’inaction et de la non-réforme.

Une réflexion profonde doit être menée sur le rôle de l’Etat central, face au déséquilibre structurel, entre prérogatives d’une part, et ressources d’autres part. La viabilité de la couverture étatique, en matière d’activités économiques et d’interventions sociales, ne peut se décréter simplement par décision ou vision stratégique, mais également par les moyens mis à disposition; un service étatique fort, qui soit à la fois réel et efficace.

Tout au long de l’exercice 2023, la résilience du tissu économique continuera à se faire à travers une baisse générale des marges, un effritement de l’épargne, une gestion très tendue de la trésorerie et un renoncement à la constitution des niveaux minimums de stocks. Certaines chaînes de valeurs risqueraient à passer à des opérations d’intermédiation et de commerce (de produits importés) en lieu et place d’activité de production et d’industrialisation.

Toutefois et comme l’expose l’étude de PBR Rating, la cartographie sectorielle démontre d’importantes potentialités pour l’économie tunisienne. Les industries manufacturières représentent un vivier conséquent de création de valeur et d’emplois (notamment pour les activités textiles, mécaniques et électroniques), au regard des nouvelles orientations mondiales en matière de relocalisation, de redéploiement technologique et de compétitivité hors prix.

Faute de relance par la dynamisation du secteur local de la construction classique, les industries des matériaux de construction bénéficient d’un rebond de la demande libyenne ainsi que des besoins de réaménagement des unités hôtelières, pour lesquelles la saison touristique s’annonce prometteuse, avec en ligne de mire, le dépassement des réalisations de l’exercice 2019.

Les activités de recyclage et valorisation, de production d’énergies vertes, de transformations chimiques sont autant de gisement de création de richesses, en attente de l’adaptation de leurs cadres réglementaires (administratifs et juridiques).

Il est important dans ce cadre, de signaler les tendances baissières de l’importation de certains biens d’équipement et autres produits semi-finis ou matières premières servant de base pour les industries et notamment exportatrices. L’industrie de la santé reste encore sous-exploitée au regard de son potentiel en matière d’export et d’allègement des charges nationales en termes de couverture médicale…

Communiqué.

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