Guerre de Gaza : petits et gros mensonges

Si on en revient à l’origine de la guerre actuelle à Gaza, ce n’est rien d’autre que l’occupation militaire et le refus israélien de tout Etat palestinien, ainsi que le mur de haine que, par les actes odieux de son armée contre les populations civiles des territoires occupés, le gouvernement israélien s’évertue à entretenir méthodiquement contre les juifs, afin de les obliger, sous l’effet de la peur, à souscrire à sa politique criminelle. 

Par Dr Mounir Hanablia *

Dans la guerre actuelle, les Arabes et les Musulmans semblent astreints à des restrictions éthiques et morales dont les Israéliens sont exemptés. Fallait-il que nous condamnions les attaques du Hamas qui auraient fait 1500 morts parmi les civils israéliens? Et la destruction de l’hôpital palestinien fut-elle le fait de la résistance palestinienne? Il n’est pas facile de répondre à ces questions, d’autant que dans une situation de guerre ouverte, leur portée politique est immense. Le problème est qu’en Occident ces deux affaires sont devenues des points de fixation grâce auxquelles «nous» sommes une nouvelle fois cloués au pilori.

Prenons d’abord la première, celle des civils tués par des commandos palestiniens et des otages enlevés. Si on en revient au droit international, et à la morale universelle, l’assassinat de civils désarmés est un acte impardonnable. Or il est indéniable que de nombreux habitants des colonies israéliennes aient-été tués durant l’attaque. Le furent-ils directement, de sang froid, dans une orgie de massacre, ainsi que le prétend le gouvernement israélien, ou bien au cours des combats avec les gardes et les soldats israéliens?

Fausses vérités et vrais mensonges

En l’état actuel des choses, la réponse est impossible. Mais les vidéos et les photos montrant des cadavres brûlés, décapités ou démembrés, incitent néanmoins à la prudence.

En Israël les colonies, en particulier celles qui se situent près de Gaza, ne peuvent qu’avoir été fortement armées et gardées. Néanmoins, il semble que les salves de roquettes ont pulvérisé les défenses, et souvent les maisons israéliennes dans les colonies, occasionnant de graves blessures et faisant de nombreux morts.

Par ailleurs, il est tout à fait possible que la résistance des soldats israéliens ait occasionné dans certaines circonstances, comme celle du Rav des jeunes, des représailles sanglantes.

Il n’empêche, des combattants peuvent dans le feu de l’action avoir voulu profiter de l’occasion pour laisser libre cours à leur haine contre ceux dont l’armée a détruit cinq fois leur ville, et assassine tous les jours des civils désarmés dans les territoires palestiniens occupés.

L’assassinat de civils désarmés est il condamnable ? Naturellement ! Mais les combattants palestiniens à la différence des Israéliens ne possèdent pas d’Etat et ne font pas partie d’une armée régulière, ce sont des guérilleros, et ils ne sont certainement pas astreints à une véritable discipline militaire, en particulier pendant les combats.

En fin de compte, et pour brosser une esquisse plausible des faits, il est tout à fait possible que la résistance des gardes et des soldats israéliens dans les colonies ait entraîné l’utilisation d’un matériel lourd, contre les habitations, ainsi que des exactions regrettables contre les civils.

La thèse officielle israélienne contredit évidemment cette version; pour elle, des crimes contre des civils ont été perpétrés de sang froid en raison de la barbarie des assaillants et de l’idéologie antisémite comparable au nazisme à laquelle ils adhèrent, l’islamisme.

Les thèses israéliennes de plus en plus contestées

Le gouvernement israélien, par le biais de BB Netanyahu et du ministre de la Défense, qui ont déclaré qu’Israël se vengerait, ont publiquement tenu l’ensemble de la population de Gaza pour responsable, en violation des conventions de Genève sur la protection des populations civiles en temps de guerre, et lui ont demandé d’évacuer la ville vers le Sud de la bande afin de détruire l’infrastructure du Hamas. Depuis lors, des bombardements aériens incessants ont réduit la ville à l’état de ruines.

Dans ce contexte, le bombardement d’un hôpital palestinien a fait, selon les chaînes télévisées internationales, près de 500 morts. Il était dès lors inévitable qu’Israël se retrouve en position d’accusé.

Néanmoins contre toute attente, le gouvernement israélien a nié être l’auteur des faits, en accusant le Hamas d’avoir tiré un missile qui s’est perdu dans la ville, et a fourni comme preuve des enregistrements vidéo et audio qui en fait ne le disculpent pas.

Il est certes toujours possible que des roquettes ou des missiles retombent sur l’auteur du tir. Il y a quelques années un missile tiré par un navire français dans la rade de Toulon avait causé des dégâts importants dans une habitation. Le nombre élevé de victimes, près de 500 selon les Palestiniens, indiquait toutefois un objet de forte puissance capable d’abattre un immeuble de plusieurs étages, que le Hamas ne possède de toute évidence pas. Les films diffusés le lendemain par les chaînes de télévision, en particulier Al-Jazeera,  n’ont révélé à la surprise générale qu’un parking avec plusieurs voitures calcinées, et quelques dégâts, des vitres brisées, dans un bâtiment voisin. Il n’y avait pas de grand bâtiment écroulé ainsi qu’on s’y attendait face au nombre élevé de victimes, et la thèse israélienne demeurait ainsi d’autant plus plausible qu’on n’imaginait à priori nullement 500 personnes stationnant dans un parking la nuit.

Toutefois, une autre possibilité demeure, celle d’une bombe incendiaire israélienne ciblant un lieu de lancement de missiles du Hamas immédiatement après un tir. Néanmoins, si la thèse israélienne a prévalu en Occident, c’est uniquement du fait de la caution qui lui a été apportée par Joe Biden.

Quoiqu’il en soit, cet incident a eu des répercussions importantes, il a occasionné des manifestations monstres dans les villes du monde arabe et musulman, mais aussi dans les grandes capitales occidentales, en faveur de la cause palestinienne, et a empêché la tenue du sommet projeté par le président américain en visite en Israël, avec le président Sissi et le Roi de Jordanie, afin de discuter de l’expulsion de la totalité de la population palestinienne vers les pays limitrophes, une éventualité qui n’avait jamais été envisagée ouvertement par aucun gouvernement israélien. Celle-ci a mis en évidence l’importance de la polémique actuelle sur les responsabilités de la guerre et ses enjeux.

Le cynisme criminel du gouvernement israélien  

Le gouvernement israélien, comme à son habitude, s’est empressé d’accuser les médias internationaux, en particulier la BBC, de partialité, et même d’antisémitisme. Or il ne s’agit pas de cela; si ses thèses sont de plus en plus contestées, n’est-ce pas à cause du cynisme dont il a toujours fait preuve, en particulier dans les assassinats au grand jour et en direct, de la journaliste Shireen Abu Akleh, ou de l’enfant Muhammad Durra?

Malgré tout, les manifestations de solidarité avec les Palestiniens sont désormais de plus en plus assimilées en Occident à de l’islamisme, évidemment à l’instigation des sionistes qui veulent faire passer le mouvement national palestinien pour du terrorisme islamiste, mais aussi des mouvements politiques européens racistes et xénophobes, scandalisés par les cris «Allahou Akbar», dans les manifestations, assimilés à un appel au jihad. Le footballeur Karim Benzéma a fait l’objet d’un appel à sa déchéance de la nationalité française, suite à son soutien public à la cause palestinienne. Pourtant «Allahu Akbar» n’est que l’expression de tout musulman apprenant un drame,  le décès d’une connaissance, d’un membre de la famille, ou d’une personnalité. Et quoi donc de plus naturel face à une cité qui se meurt et où les morts se comptent par milliers, que ceux qui les soutiennent et veulent alerter l’opinion internationale, s’expriment ainsi, malgré la désapprobation de messieurs Meyer Habib et Dany Cohn Bendit?

Car si on en revient à l’origine de la guerre actuelle à Gaza, ce n’est rien d’autre que l’occupation militaire et le refus israélien de tout Etat palestinien, ainsi que le mur de haine que, par les actes odieux de son armée contre les populations civiles des territoires occupés, le gouvernement israélien s’évertue à entretenir méthodiquement contre les juifs, afin de les obliger, sous l’effet de la peur, à souscrire à sa politique criminelle.

Il est à cet égard réconfortant de constater que de nombreux juifs américains, conscients de cela, marquent publiquement leur désapprobation des pratiques sionistes. Mais peut-on dénoncer les crimes palestiniens alors qu’ils n’ont même pas d’État? 

* Médecin de libre pratique.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.