La politique de déni des droits des Palestiniens doit cesser

Pour préserver la paix mondiale, la communauté internationale doit cesser d’encourager Israël dans sa politique d’oppression militaire et de déni des droits des Palestiniens et que cette politique ne peut rester sans conséquences pour sa sécurité et son attractivité en tant que foyer sûr pour les juifs du monde.

Par Elyes Kasri *

Il semble de plus en plus évident que l’opération «Déluge d’Al Qods» va constituer un tournant significatif dans l’histoire du conflit israélo-arabe et du Moyen Orient en général.

Tant par son audace que par son organisation, cette opération coïncide avec des changements tectoniques sur la scène internationale et une quasi défaite de l’Otan en Ukraine face à une Russie déterminée et jouissant d’un large courant de sympathie à travers plusieurs continents comme une expression du refus de l’arrogance et des velléités occidentales de domination dirigées par les Etats-Unis d’Amérique de plus en plus perçus comme une source de violence et de déstabilisation de la scène internationale.

Bien que la dynamique enclenchée par cette opération soit encore à ses débuts, il semble évident que l’exacerbation de la crise au Moyen Orient, tant par l’intensité de la violence et des dégâts humains et matériels des deux côtés que le risque d’un embrasement cataclysmique, va finalement imposer une gestion et une recherche plus sérieuse d’une solution plus équitable et durable du conflit israélo-arabe et une plus grande prise de conscience chez les Israéliens que la politique d’oppression militaire et de déni des droits des Palestiniens ne peut rester sans conséquences pour la sécurité d’Israël et son attractivité en tant que foyer sûr pour les juifs du monde.

La solution d’un Etat multiconfessionnel

De nombreuses voix s’élèvent déjà pour critiquer la dérive d’extrême-droite de Benyamin Netanyahu et de ses alliés et ses conséquences sur la sécurité du pays. Quant aux Etats-Unis d’Amérique, principal soutien d’Israël, une vague profonde remet en question l’interventionnisme militaire américain à l’étranger au détriment du bien-être social et de l’infrastructure nationale en plus de l’érosion de la propagande sioniste et la prise de conscience progressive des atrocités israéliennes dans un combat inégal et souvent immoral contre des civils palestiniens.

A l’instar de la défaite de l’Otan en Ukraine, le conflit israélo-arabe semble destiné à connaître un revirement qui gagnerait à être mieux encadré par les Nations Unies avec le soutien de garants internationaux plus crédibles et moins partiaux que les Etats-Unis d’Amérique et l’Europe.

Il faudra procéder à une relecture du plan de partage de la Palestine de 1947 et se rendre à l’évidence que la formule de la solution des deux Etats est de moins en moins applicable après trois quarts de siècle de refus de la puissance occupante israélienne et d’incapacité de la communauté internationale de l’imposer.

La solution sera un Etat multiconfessionnel avec de solides institutions et garanties démocratiques pour assurer d’une manière pérenne l’égalité des droits et devoirs de chaque individu et chaque groupe.

Jérusalem, cité internationale sous contrôle de l’Onu

Pour sa part, la ville sainte de Jérusalem ne peut plus rester l’objet de guerres sanguinaires qui durent depuis plus de deux millénaires. L’avènement des missiles hypersoniques et des armes de destruction massive nécessite de toute urgence une nouvelle approche pour résoudre le conflit autour du statut de Jérusalem qui devra être une cité internationale sous le contrôle des Nations Unies, pendant une certaine période, et ouverte aux trois religions loin de tout monopole et de toute instrumentalisation politique.

La cité libre de Jérusalem devrait être un espace international de culte et de paix, propriété commune des trois religions monothéistes loin des conflits et de toute instrumentalisation politique.

Pour sa part, tout louable que soit le soutien sincère du peuple tunisien à la cause palestinienne et sa grande sensibilité aux souffrances injustement infligées à ce peuple frère, la Tunisie est mieux dans son rôle en prônant le respect de la légalité internationale et la dénonciation dans les instances internationales compétentes des exactions et des crimes de guerre et contre l’humanité commis par les forces armées et les hordes de colons d’Israël.

L’aide sincère et spontanée à nos frères palestiniens démontre encore une fois la noblesse de cœur du peuple tunisien comme il l’a fait avec ses frères algériens lors de leur lutte pour la libération nationale et ses frères libyens lors de la guerre civile et la chute du régime Kadhafi.

Prendre conscience des avantages du vivre ensemble

Le recours à la Cour pénale internationale pour engager des procédures contre l’Etat d’Israël et ses responsables politiques et militaires pour crimes de guerre et contre l’humanité aura un impact psychologique très important tant à l’intérieur de l’Etat hébreu qu’au sein de l’opinion publique mondiale pour battre en brèche la propagande sioniste et montrer le véritable visage de l’arrogance et du mépris systématiques des dirigeants israéliens des droits les plus élémentaires du peuple palestinien et des autres peuples arabes sous occupation militaire au Liban et en Syrie.

Le monde vit incontestablement un tournant dans l’histoire avec l’espoir que la sagesse et la raison prévaudront pour construire un monde plus juste et éviter l’Armageddon et le cataclysme nucléaire dévastateur.

La Tunisie a de tout temps été un carrefour de civilisations et un site de symbiose entre les civilisations (chronologiquement, abstraction faite des croyances animistes) juive puis chrétienne et musulmane. Elle se doit de rester une voix pour la paix, la tolérance et le dialogue des religions et des cultures car la paix ne vient jamais du rejet ou de l’oppression de l’autre mais de la prise de conscience des avantages du vivre ensemble.

* Ancien ambassadeur.

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