Le sida en Tunisie : histoire d’une pathologie et ses impacts sociaux  

Dans son dernier le livre, ‘‘Le sida en Tunisie : un mal méconnu’’, le professeur Sofiane Bouhdiba passe en revue la situation de cette maladie dans le monde et présente une analyse critique des réponses apportées par le gouvernement et la société civile à la propagation du VIH.

Ce livre paraît au moment où le monde sort meurtri de la plus grave crise sanitaire du XXIe siècle naissant, le Covid-19, qui a fait beaucoup de victimes. Mais d’autres maladies, et en particulier le sida, ont fait bien pire : à ce jour, on estime que 84,2 millions de personnes ont été infectées par le VIH depuis le début de l’épidémie, que l’on situe au début des années 1980, et 40,1 millions y ont déjà succombé, au terme d’âpres souffrances tant physiques que psychologiques.

Contrairement à d’autres pathologies notoires oubliées, le sida est aujourd’hui entré dans les mœurs. Au point d’ailleurs que les initiales originelles S.I.D.A. ont fini par laisser la place au néologisme «sida».

La maladie a également été à l’origine de la création d’organisations internationales spécifiquement dédiées, telles que Onusida, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ou encore le US President’s Emergency Plan for Aids Relief (Pepfar).

Dans ce livre, le sociologue décrit le plus finement possible les déterminants socioculturels du mal, la nature de la souffrance des personnes touchées d’une manière ou d’une autre par le VIH, et surtout il explique comment une pathologie dans laquelle le spectre de la sexualité revient d’une manière si insistante, peut être vécue dans un contexte arabo-musulman, fut-il relativement émancipé comme c’est le cas en Tunisie.

La participation active du Pr Bouhdiba à de nombreux travaux de terrain conduits pour le compte d’organisations internationales, les Nations Unies notamment, lui a permis d’entrer directement en contact avec des victimes, mais également des organisations non gouvernementales, ce qui lui a permis de compléter ses recherches sur le sujet.

Les réflexions de ce livre sont organisées autour de trois grandes parties, à peu près équilibrées.

La première partie de l’ouvrage, répartie en quatre courts chapitres introductifs, décrit brièvement l’épidémiologie du VIH, et notamment les modes de transmission, le cycle de vie du virus, les symptômes et les traitements envisageables. Elle rappelle ensuite l’histoire du sida, pathologie ancienne mais considérée à tort comme une maladie émergente. Les deux chapitres suivants contextualisent l’épidémie dans le monde arabo-musulman, et présentent avec une approche critique quelques statistiques majeures du VIH en Tunisie.

La deuxième partie du livre traite exclusivement du cas tunisien, et est partagée en cinq chapitres. Elle est davantage orientée vers l’examen des communautés les plus vulnérables face à l’épidémie (mères séropositives, migrants, homosexuels, travailleuses du sexe, toxicomanes..).

Dans sa dernière partie, le livre passe en revue, toujours avec un œil critique, les réponses apportées aujourd’hui par le gouvernement, mais également par la société civile, à la propagation du VIH en Tunisie.

Le Pr Bouhdiba accorde une place privilégiée au problème de la discrimination, qui semble inhérent à toute pathologie directement ou indirectement liée à la sexualité.

Sofiane Bouhdiba est professeur de démographie à la Faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis. Il a enseigné dans des universités en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis, et participé à des conférences internationales sur diverses thématiques liées à l’étude des populations. Consultant international aux Nations Unies, spécialiste de la mortalité, il a écrit une vingtaine de livres et une soixantaine d’articles scientifiques en français et en anglais, publiés dans des revues internationales.

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