Tunisie : l’Etat semble incapable face au fléau de la spéculation et des pénuries

En dénonçant sans cesse la spéculation, considérée comme la principale cause des pénuries des produits de première nécessité, et ce depuis le début de son mandat il y a quatre ans, le président Kaïs Saïed prouve, s’il en est encore besoin, l’incapacité de l’Etat à juguler les fléaux qu’il n’a de cesse de dénoncer.

Le président Saïed exhorte les responsables de la sécurité nationale à «redoubler d’efforts pour faire respecter la loi en général et démanteler les réseaux criminels, qu’il s’agisse du trafic de drogue, qui s’est étendu à de nombreuses régions de la république, ou des réseaux à l’origine de la migration irrégulière».

C’est ce que rapporte la présidence de la république sur sa page Facebook en rendant compte de la réunion que le chef de l’Etat a eue lundi 11 décembre 2023 au Palais de Carthage avec le ministre de l’Intérieur Kamel Feki, le directeur général de la Sûreté nationale Mourad Saïdane et le directeur général et commandant de la Garde nationale Hassine Gharbi.

Kaïs Saïed a également appelé ses interlocuteurs à renforcer la lutte contre les monopoles et les spéculateurs, «d’autant plus que de nombreux biens de consommation disponibles apparaissent et disparaissent sur le marché en fonction de ce que les lobbies décident de faire pour attiser le mécontentement social», souligne le communiqué  de la présidence de la république, par allusion aux pénuries constatées de lait, de farine, de sucre, de riz, d’huile de cuisson, de café, et autres produits de grande consommation et dont ne cessent de se plaindre les citoyens.

Le président de la république a souligné, selon la même source, que «ce travail doit être continu et ininterrompu, car la politique de l’Etat ne se limite pas à des campagnes de quelques jours, après quoi les spéculateurs reprennent leurs activités», ce qui sonne comme un reproche adressé aux autorités sécuritaires, responsables selon lui du manque de fermeté dans la lutte contre les réseaux de contrebande, de spéculation et de corruption.   

En revenant ainsi sans cesse à cette problématique depuis le début de son mandat il y a quatre ans, le chef de l’Etat prouve, s’il en est encore besoin, l’incapacité de l’Etat à juguler les fléaux qu’il dénonce. D’autant que les causes profondes de ces fléaux, qui sont d’ordres structurels, sont souvent ignorées par la plus haute autorité de l’Etat, laquelle croit pouvoir solutionner un problème éminemment économique en recourant au bras lourd de la police. La théorie du complot étant une explication facile et qui n’a même pas besoin d’être prouvée, surtout lorsque la plus haute autorité de l’Etat y recourt, plus souvent que nécessaire.

I. B.

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