Bourguiba Junior et la boîte de nuit Zéro de conduite : une légende urbaine !

Nous avons reçu de Mme Sihem Bouzgarou-Ben Ghachem, chargée de la communication à la Fondation Habib Bourguiba, la mise au point suivante en réaction à notre article ‘‘Scandale à Carthage : Mezoued we rboukh fi Beit Al-Hikma’’ qui donne foi à ce qu’elle a appelé elle-même une «légende urbaine», selon elle infondée, selon laquelle feu Habib Bourguiba Junior aurait utilisé l’ancien palais beylical, aujourd’hui siège de Beit El-Hikma, à Carthage, comme boîte de nuit appelée Zéro de conduite.   

Quelle ne fut ma surprise lorsque j’ai lu l’article écrit par Imed Bahri, sur Kapitalis ! Quelle ne fut ma surprise quand j’ai découvert que Zéro de conduite, boîte de nuit en vogue dans les années 1960 accueillait encore les fêtards, durant les longues nuits estivales de l’année 1971! Quelle ne fut ma surprise quand j’ai appris que d’aucuns ont accordé une seconde vie à cette boîte mythique, qui a pourtant fermé ses portes au milieu des années 1960 ! Quelle ne fut encore ma surprise d’apprendre que M. Habib Bourguiba Jr, ancien ministre des Affaires étrangères, ambassadeur, banquier de renom avait eu des occupations aussi triviales ! Quelle ne fut par ailleurs mon étonnement et mon indignation face à ces bruits de couloirs, ces brèves de comptoir ces rumeurs burlesques (comme le dit si bien M. Habib Bourguiba Jr), cette légende urbaine présentée comme une vérité, une information sûre puisée dans des archives sérieuses !

En sa qualité de journaliste, même s’il est amateur, Imed Bahri aurait dû vérifier la véracité de ses allégations, parce que colporter ce genre de ragots prouve un manque de sérieux et une absence de professionnalisme qui affecteront sûrement la crédibilité aussi bien de Imed Bahri que de Kapitalis. D’autant que Bibi n’est plus de ce monde pour pouvoir s’exprimer et éclairer la lanterne de l’opinion publique ! Sous d’autres cieux, dans d’autres contrées une action en justice aurait pu être envisagée, mais laissons l’histoire suivre son cours ! Elle est seule apte à rétablir la vérité et à redonner à chacun sa juste place et à remettre les pendules à l’heure !

Ce que Habib Bourguiba Jr a dit à ce propos :

MK : Avant de clore ce chapitre, j’aimerais vous poser une ou deux questions portant sur votre mode de vie. Une certaine rumeur fait circuler l’histoire de Zéro de conduite, une boîte de nuit à Carthage que vous auriez fréquenté au début de l’indépendance, ce qui aurait, à l’époque provoqué la colère de votre père et la fermeture de ce lieu. Qu’en est-il exactement?

H.B. Jr : C’est la première fois que j’entends parler de cette histoire où j’aurais été à la fois un commanditaire et une victime de son succès ! J’étais en poste aux États-Unis, en Italie, et en France pendant les premières années de l’indépendance. Lorsque je suis rentré de Washington au mois de juillet 1957, trois jours après la proclamation de la République, il y avait déjà Zéro de Conduite et une autre boîte qui lui était attenante, du nom de Bey’s Palladium. Ces deux boîtes étaient à Carthage. C’est un autre établissement que je fréquentais. Une fois avec ma femme, nous avons eu l’agréable surprise de découvrir que le garçon ne connaissait pas le nom de certaines boissons. C’est tout. Il n’y a eu aucune affaire de boîte ou quoi que ce soit mais peu importe ! Au cours de cet été-là, mon père m’avait d’ailleurs chargé de le représenter, avec Taieb Slim, aux festivités du X° anniversaire de l’indépendance de l’Indonésie, puis ensuite, en Malaisie, pour la proclamation de son indépendance. Je n’ai été présent en Tunisie que deux ou trois semaines. À l’issue de mon séjour, il m’avait nommé ambassadeur à Rome. De nouveau, j’étais donc reparti. C’est une histoire plutôt burlesque qui s’appuie bien entendu sur la rumeur, le média le plus puissant chez nous.

Habib Bourguiba Jr. ‘‘Notre Histoire, Entretiens avec Mohamed Kerrou’’, Cérès Éditions, 2013, P 174.

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