Columbia : La police new-yorkaise écarte les journalistes pour imposer son récit biaisé

Après le Congrès américain qui a menacé la CPI pour la dissuader de lancer des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et sa clique de génocidaires, c’est la police de New York qui écarte les journalistes lors de l’évacuation de l’Université de Columbia pour imposer son narratif biaisé ce qui constitue une violation flagrante du premier amendement de la Constitution des États-Unis. Décidément, la démocratie américaine ne cessera pas de nous éblouir!

Par Imed Bahri

Le New York Times est revenu dans un article de Mara Gay sur l’assaut lancé par la police de New York sur le campus de l’Université de Columbia dans lequel elle est revenue sur le fait que les journalistes n’ont pas pu couvrir à ce qui s’était passé évoquant des restrictions et des barricades pour tenter de réprimer le sit-in des partisans de la Palestine et les évacuer de force de l’université new-yorkaise.

Mara Gay écrit: «Quelle que soit la position d’une personne sur les manifestations pro-palestiniennes qui ont balayé les universités américaines, la décision prise mardi 30 avril 2024 par la police de New York d’empêcher les journalistes de surveiller l’assaut sur l’université de Columbia était une violation flagrante du premier amendement à la Constitution. Les citoyens ont le droit de savoir ce que font les forces de l’ordre sur les campus universitaires américains mais ils ont été tenus dans l’ignorance à un moment important.»

La police impose son récit

Car la question qui se pose, que s’est-il exactement passé? Il n’y a que le narratif de la police et du pro-israélien maire de New York qui considère que les manifestations sont antisémites qui ont prévalu or les journalistes ont été tenus à distance, la version officielle demeure donc manquante de crédibilité et invérifiable.

Mara Gay poursuit: «Au lieu des témoignages en direct de journalistes et d’étudiants, les Américains ont dû s’appuyer sur les témoignages du maire de New York Eric Adams et des responsables de la police ainsi que sur les vidéos publiées par la police sur les plateformes des réseaux sociaux. Les images montraient des policiers en tenue complète entrant dans Hamilton Hall, un bâtiment de l’Université de Columbia dont les étudiants avaient illégalement pris le contrôle. Des premiers rapports ont fait état d’un comportement violent de la part des policiers à l’égard des manifestants même si l’assaut n’a pas abouti à une brutalité généralisée. Mais nous ne le savons pas car la police n’a pas autorisé les journalistes à entrer sur le campus et les a détenus dans un bâtiment plus éloigné du lieu du raid.»

Pour sa part, la radio étudiante de l’Université de Columbia (WKCR) a signalé que les étudiants journalistes avaient été menacés s’ils quittaient le bâtiment du Journalism College pour couvrir l’incident.

Lors d’une conférence de presse au lendemain de l’assaut -mercredi matin- le commissaire de police Edward Caban est apparu avec une chaîne pour retenir un pneu de vélo qu’il a présenté comme une preuve de la présence d’agitateurs extérieurs qui s’étaient infiltrés dans les rangs des manifestants à l’Université de Columbia.

La journaliste du NYT a fait part de son scepticisme quant à cette déclaration en écrivant: «À la lumière d’allégations similaires qui ont souvent été faites lors des manifestations pour les droits civiques, les propos de la police éveillent les soupçons. Si Adams et la police avaient permis aux journalistes de faire leur travail, ces allégations auraient été confirmées.»

Il y a anguille sous roche

Mara Gay a écrit que des milliers d’étudiants participent à des manifestations massives dans les universités américaines pour protester contre la guerre à Gaza et que pour comprendre leurs motivations, nous ne pouvons pas nous fier à la police et à son récit sans permettre aux journalistes d’observer et de suivre les événements. Le récit de la police est alors acceptable s’il est confirmé.

Ce que dit Gay est tout à fait juste et logique, l’opinion publique surtout dans une société démocratique ne prend pas pour parole sacrée ce que prétendent les autorités et qui ne peut pas être vérifié. De plus si les médias sont écartés, c’est qu’il y a anguille sous roche.

Il est à rappeler que la police de la ville de New York a pris d’assaut l’Université de Columbia dans la soirée du mardi arrêtant des manifestants pro-palestiniens dont certains ont pris le contrôle d’un bâtiment universitaire et a démantelé le campement de solidarité avec Gaza dans le jardin qui avait commencé il y a environ deux semaines. L’assaut a entraîné l’arrestation d’environ 300 étudiants de l’Université de Columbia et du City College selon le maire de New York.

Peu de temps après l’intervention de la police, la présidente de l’université de Columbia, l’américano-britannique d’origine égyptienne Nemat Shafik a publié une lettre demandant à la police de rester sur le campus au moins jusqu’au 17 mai, deux jours après la remise des diplômes, pour «maintenir l’ordre et garantir que les camps de protestation ne soient pas rétablis». Celle que le Congrès pressait de rétablir l’ordre sur le campus new-yorkais ou de quitter son poste a obéi aux injonctions politiques cependant ce n’est pas sûr que son choix carriériste va la maintenir à la tête de Columbia car l’intervention policière sur le campus est très contestée au sein du corps professoral de la célèbre université.

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