A l’image de la Tunisie, Hafnaoui continue de manger son pain noir

A travers Hafnaoui, et tous nos autres champions qui doutent et ne comptent plus leurs déconvenues, c’est la Tunisie, très mal gouvernée, qui continue de manger son pain noir, ne voyant pas encore le bout du tunnel.

Par Imed Bahri

Le nageur Ahmed Ayoub Hafnaoui, l’un de nos rares espoirs de médaille d’or, sera absent des Jeux Olympiques de Paris-2024. Le gâchis est énorme et les responsabilités doivent être déterminées et les responsables sanctionnés.

Le président du Comité Olympique Tunisien (Cnot), Mehrez Boussayène, qui semble vouloir s’en laver les mains, a confirmé ce forfait à la Confédération africaine de natation, a annoncé le Comité International Olympique (CIO) sur son site officiel, estimant que cette absence est une vraie surprise dans le monde de la natation et que le jeune nageur tunisien (21 ans) faisait partie des principaux prétendants aux médailles olympiques dans les épreuves de 400 m, 800 m et 1500 m nage libre.

Hafnaoui, rappelle-t-on, a remporté la médaille d’or du 400 m nage libre lors des derniers Jeux Olympiques de Tokyo-2020, ainsi que la médaille d’or du 800 m et du 1500 m nage libre et l’argent du 400 m nage libre lors des Moniaux-2023.

Il y a quelques mois, le 24 février dernier, ce même Cnot nous annonçait dans un communiqué que le nageur allait participer au championnat du monde de natation à Doha, au Qatar, ajoutant, sans craindre le ridicule, qu’il s’agissait d’«une étape importante sur la route de la gloire pour atteindre sa forme optimale lors des JO Paris 2024». La suite on la connaît : il a été balayé par tous ses adversaires, et les Tunisiens ont découvert sur leur petit écran un athlète bedonnant qui était, visiblement, à court d’entraînement.

Plus récemment, le président du Cnot a déclaré dans l’émission ‘‘Al Hiwar Sport’’ que la participation de Hafnaoui aux JO-2024 est incertaine à cause d’une blessure, sans donner plus de détails sur cette prétendue blessure. Or, tout le monde sait que Hafnaoui fait face depuis un an à de gros problèmes. Ayant perdu la confiance de l’université américaine qui était derrière ses précédents exploits, il a changé d’entraîneur et de ville de préparation, avec les résultats que l’on connaît. Et ce ne sont pas là ses seuls soucis.

La jeunesse peut expliquer certains mauvais choix, mais elle ne saurait les justifier. Car, s’il était mieux encadré par les responsables du sport national, à commencer par le ministère de la Jeunesse et des Sports, la Fédération tunisienne de natation et le Cnot, il ne serait pas arrivé à l’impasse où il se trouve aujourd’hui. Pour avoir été abandonné à son sort et lâché dans la nature, sans boussole, le jeune champion s’est laissé entraîner sur une pente descendante. Et c’est un grand espoir du sport national qui entame le crépuscule de sa carrière avant même de l’avoir commencée.

Le pire dans cette histoire, c’est que tout le monde s’en lave les mains, chacun renvoyant la responsabilité de ce gâchis aux autres, tout en se cachant, très courageusement, derrière son petit doigt.

A travers Hafnaoui, et tous nos autres champions qui doutent et ne comptent plus leurs déconvenues, c’est la Tunisie, très mal gouvernée, qui continue de manger son pain noir, ne voyant pas encore le bout du tunnel.

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