Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui perpètre des crimes de guerre depuis plus de huit mois à Gaza a été invité pour prononcer un discours devant le Congrès américain en l’occurrence devant le Sénat et la Chambre des représentants réunis, une invitation pour affirmer le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël et pour narguer la Cour pénale internationale (CPI) dont le procureur général a demandé un mandat d’arrêt international contre son génocidaire de Premier ministre.
Imed Bahri
Le discours était prévu initialement le jeudi 13 juin mais comme ce jour-là il y a une fête juive, il a été reporté au 24 juillet. Mais la venue du sulfureux invité au temple de la grande «démocratie» américaine donneuse de leçons urbi et orbi agace, provoque un embarras et risque de ternir davantage l’image des États-Unis dans le monde.
La revue progressiste américaine The Nation a publié un article intitulé «L’invitation de Netanyahu au Congrès est comme un mauvais film d’horreur» dans lequel elle affirme qu’après que «des républicains et des démocrates hypocrites ont uni leurs forces pour accueillir le Premier ministre israélien au Congrès américain, les progressistes ont commencé à s’engager à boycotter son discours là-bas».
L’auteur John Nichols a considéré qu’inviter le Premier ministre israélien à s’exprimer devant le Congrès américain confirme l’hypocrisie des dirigeants américains des deux partis qui défendent Netanyahu même s’il est un criminel de guerre confronté à la possibilité d’un mandat d’arrêt émis par la CPI.
Il a souligné que la démocrate Delia Ramirez qui s’est imposée comme l’un des défenseurs les plus persistants des droits humains dans le monde au Capitole avait répondu à la décision des dirigeants de la Chambre et du Sénat d’inviter Netanyahu à prendre la parole lors d’une session conjointe du Congrès par une remarque qui résume l’abandon de conscience chez les hauts responsables républicains et démocrates et leur incapacité à tenir le Premier ministre israélien pour responsable de l’agression à Gaza qui a coûté la vie à près de 37 000 hommes, femmes et enfants palestiniens.
Ramirez a déclaré qu’un criminel de guerre prononçant un discours devant le Congrès le jeudi 13 de ce mois était comme un complot tordu pour un mauvais film d’horreur alors que la presse rapportait que Netanyahu avait accepté une invitation du président de la Chambre des représentants (républicain) Mike Johnson, du leader de la minorité démocrate à la Chambre des représentants Hakeem Jeffries, du leader de la majorité démocrate au Sénat Chuck Schumer ainsi que le leader de la minorité sénatoriale le républicain Mitch McConnell pour s’adresser à l’Assemblée législative. L’auteur a souligné que les rapports indiquaient initialement que le discours de Netanyahu serait prononcé le 13 juin mais comme qu’il y avait une fête juive ce jour-là, le bureau de Johnson a donc rapidement choisi une nouvelle date: le 24 juillet.
Un paria politique international
L’auteur a estimé que la modification du calendrier ne change rien au fait que le discours inquiète les membres du Congrès qui respectent l’État de droit et souhaitent parvenir à une paix juste au Moyen-Orient. Netanyahu, un paria politique en proie à des scandales dont les punitions collectives infligées aux civils de Gaza ont déclenché des protestations en Israël et dans le monde entier risque des poursuites pénales pour ses actes. Le 20 mai, le procureur de la CPI, Karim Khan, a indiqué qu’il allait émettre un mandat d’arrêt contre Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans le cadre d’une poursuite plus large visant également le ministre israélien de la Défense Yoav Galant et trois dirigeants du Hamas. Il a souligné que la plupart des responsables américains ont attaqué la Cour y compris le président Biden au lieu de répondre en respectant le droit international et le rôle vital de la Cour pénale internationale dans le soutien des droits de l’homme. Les républicains du Congrès ont décidé d’imposer des sanctions à la CPI quant au président de la Chambre des représentants a annoncé que la juridiction internationale devait être punie pour cette action. Mardi, la Chambre des représentants a approuvé cette sanction qui annulerait les visas américains pour les fonctionnaires liés à la CPI et empêcherait l’entrée des avocats de la Cour et d’autres personnes aux États-Unis.
Il a déclaré que dans un rejet parallèle de l’autorité de la CPI, que les États-Unis n’ont jamais officiellement adoptée, les dirigeants du Congrès, démocrates et républicains, ont invité Netanyahu. Une manière on ne peut plus claire pour narguer la CPI et marquer leur soutien indéfectible à Netanyahu et Israël.
Il a souligné que les membres du Congrès devront faire face aux circonstances honteuses qui se produiront si Netanyahu arrive à Washington. Participeront-ils à une protestation symbolique contre son apparition? Veulent-ils le boycotter? Quelles objections spécifiques veulent-ils soulever, à l’heure où les frappes aériennes israéliennes sur la ville de Rafah à Gaza ont terrifié les principaux alliés des États-Unis, comme le président français Emmanuel Macron, qui a déclaré que ces opérations devaient cesser et a appelé au «plein respect pour le droit international et un arrêt immédiat des tirs».
John Nichols a déclaré que selon le représentant américain Mark Pocan qui est l’un des critiques les plus virulents de Netanyahu et de la politique américaine concernant la Palestine, il faut faire pression sur Netanyahu pour qu’il siège avec les membres du Congrès et qu’il soit confronté à des questions franches sur ses actions. Il est probable que les dirigeants des deux chambres protégeront Netanyahu de toute responsabilité, malgré la possibilité d’une certaine forme de protestation au cours de la session. Il est également possible que des manifestations et des conférences de presse condamnant la présence de Netanyahu se tiennent à l’extérieur du bâtiment du Capitole et que certains membres pourraient saisir l’occasion pour exprimer des objections claires sur l’invitation et sur la politique de Netanyahu.
Un criminel de guerre
L’auteur a mentionné que la dernière fois que Netanyahu s’est adressé au Congrès, c’était en 2015 lorsque les Républicains l’avaient invité à un moment où les tensions s’intensifiaient entre le gouvernement israélien et l’administration de l’ancien président Barack Obama concernant les négociations américaines avec l’Iran et qu’à l’époque pas moins de 50 membres démocrates de la Chambre des représentants et huit membres du Sénat n’avaient pas assisté à la séance. Il convient de noter que le vice-président de l’époque, Joe Biden, n’a pas non plus assisté au discours.
Plusieurs personnalités démocrates importantes du Congrès ont indiqué qu’ils n’assisteraient probablement pas au discours de Netanyahu cette fois-ci notamment le représentant du Massachusetts Jim McGovern. Éminent membre démocrate de la commission du règlement de la Chambre et l’un des plus ardents défenseurs des droits de l’homme de la chambre, McGovern, qui a boycotté le discours de Netanyahu en 2015 a déclaré qu’il n’assistera également pas au discours de cette année expliquant qu’il aurait souhaité que cela ne se produise pas.
Il a souligné que l’un des sénateurs qui n’accueillera pas Netanyahu est le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders qui a annoncé immédiatement après que le Premier ministre israélien a accepté l’invitation qu’il n’y participerait certainement pas et que Netanyahu était un criminel de guerre qui ne devrait pas être invité à prendre la parole devant une séance conjointe du Congrès. Sanders a ajouté: «Israël avait le droit de se défendre mais il n’a pas le droit de mener une guerre contre l’ensemble du peuple palestinien. Il n’a pas le droit de tuer plus de 34 000 civils et d’en blesser plus de 80 000, qu’il n’a pas le droit de rendre orphelins 19 000 enfants, qu’il n’a pas le droit de déplacer 75 % de la population de Gaza de leurs foyers. Il n’a pas non plus le droit de détruire plus de 60% du parc immobilier de Gaza ni le droit de détruire les infrastructures civiles, de détruire les réseaux d’eau et d’égouts et de priver les Gazaouis d’électricité. Il n’a pas le droit de détruire le système de santé à Gaza, de mettre 26 hôpitaux hors service et de tuer plus de 400 agents de santé, ni de bombarder 12 universités et 56 écoles à Gaza, ni de priver 625 000 enfants à Gaza des possibilités d’éducation.» Il a ajouté qu’il n’a pas le droit d’empêcher l’aide humanitaire d’atteindre les habitants désespérés de Gaza ce qui crée les conditions de la famine et qu’il n’a pas le droit de condamner des centaines de milliers d’enfants à la famine ce qui constitue une violation flagrante du droit américain et international.
Cette déclaration avait suscité une réprimande de la part du président de la Chambre Johnson qui a accusé Sanders de «répéter le discours du Hamas comme un perroquet», soulignant que les démocrates doivent choisir entre se tenir aux côtés de leur plus important allié au Moyen-Orient comme c’est l’habitude à Washington ou de prendre parti pour le Hamas et les les ayatollahs iraniens. Sanders, tout en montrant des photos d’enfants victimes de la famine à Gaza, a déclaré qu’il aimerait dire à Johnson que lorsqu’il assiste à des dîners de collecte de fonds avec ses amis milliardaires et qu’ils mangent des steaks gastronomiques et d’autres aliments, ils devraient se rappeler ces photos de Gaza. Le sénateur du Vermont a conclu en déclarant calmement que l’état de ces enfants et des milliers d’autres est le résultat direct de la politique de Netanyahu, l’homme invité par Mike Johnson à s’adresser au Congrès.