La Commission européenne (CE) a décidé de revoir sa politique envers la Tunisie, après des révélations d’abus commis par les forces de sécurité tunisiennes contre les migrants et réfugiés subsahariens, rapportent plusieurs médias européens. (Illustration: démantèlement d’un camp de migrants à Tunis).
Les forces de sécurité tunisiennes, financées par l’Union européenne (UE) pour réduire les flux migratoires à destination de l’Europe, sont accusées de commettre de graves abus contre des exilés subsahariens, selon des médias et des organisations de défense des droits humains, abus que Bruxelles a longtemps minimisés.
Alors que l’UE avait jusqu’à présent ignoré ces accusations, The Guardian révèle que la CE a décidé de revoir sa politique de financement envers la Tunisie. L’institution élabore désormais des «conditions concrètes» pour délivrer ses paiements au pays nord-africain en fonction du respect des droits humains, indique le journal britannique. Ces conditions auront un impact sur des paiements estimés à plusieurs dizaines de millions d’euros sur une période de trois ans. Des sous-comités devraient être formés au cours des prochains mois pour «redynamiser» la relation avec Tunis, selon un responsable européen cité par le quotidien.
Cette décision intervient dix-huit mois après la signature d’un accord controversé, prévoyant une aide financière européenne d’environ 105 millions d’euros pour renforcer les contrôles migratoires en Tunisie. A l’époque, Bruxelles assurait que cette coopération aurait lieu dans le «plein respect du droit international». C’était avant les «révélations» médiatiques sur des violations graves des droits humains à l’encontre des migrants et réfugiés subsahariens imputées aux forces de sécurité tunisiennes. Mes migrants subsahariens, on le sait, utilisent souvent la Tunisie comme pays de transit avant de tenter de rejoindre l’Europe en traversant la mer Méditerranée.
Dans un rapport récent, la médiatrice européenne Emily O’Reilly a conclu que la CE n’avait pas été suffisamment transparente sur les informations qu’elle détenait concernant les violations des droits humains en Tunisie. Elle a notamment dénoncé le fait que l’UE ne communique pas clairement sur les abus documentés ou les mesures prises pour les arrêter. Selon l’ancienne journaliste irlandaise, l’accord signé entre l’UE et la Tunisie semble avoir donné la priorité à la réduction des flux migratoires au détriment des droits fondamentaux des migrants.
Selon Frontex, les franchissements irréguliers des frontières de l’UE ont ainsi diminué de 38 % en 2024, atteignant leur niveau le plus bas depuis 2021. Cette baisse est notamment due à une chute du nombre d’arrivées par la Méditerranée centrale (-59 %), en particulier depuis la Tunisie.
I. B.
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