Francisco Munoz Soler est un poète espagnol qui écrit l’intime existentiel, tend à l’universel, veut surprendre et surtout pousser à la réflexion. Entre lyrisme et critique sociale.
Né en 1957 à Malaga, en Espagne, Francisco Munoz Soler publie son premier recueil ‘‘Préhistoire poétique’’, en 1996. S’ensuit une œuvre importante, parue en nombreux livres, anthologies et revues. Traduite dans diverses langues.
Le poète marocain, Mohamed Bennys a traduit de lui en arabe ‘‘مختارات شعرية 1978-2023’’ (Poèmes choisis), paru au Caire.
Tahar Bekri
À Virgilio Piñera
POUR CEUX QUI ONT DE L’IMAGINATION
la vie n’est pas celle qu’on nous oblige à vivre
mais celle qu’on imagine.
Grâce à cette magie on fuit l’horreur
qui nous pousse à douter de nous-mêmes,
qui nous invite à être soumis,
c’est alors, avec l’imagination,
qu’est née en moi la vie céleste,
d’où je regardais, tout autour de moi,
les étoiles et les trous noirs,
jusqu’à ce que j’aie enfanté une époque,
mais, les étoiles se sont fanées dans un silence aqueux,
je me suis alors converti en île,
en moi ont grandi des palmiers, des cayes, des manguiers,
et, tout en moi, était d’une clarté étonnante,
des fois je voyais un ouragan qui portait
tout cela qui bloquait l’idiosyncrasie des gens,
celle qui mène leur esprit à ce temps sans temps,
celle qui donne du sens au cri muet des souffrants,
une voix qui se distingue dans le noir.
Dans ma solitude et ma peur
Je traverserai la mer de la vie, en fureur,
ses vides insaisissables, sa colère liquide,
je deviendrai un ange ou un démon
pour regarder de près les abîmes intérieurs
et ainsi sauver mon âme fainéante.
Je vais percer la cuirasse du doute
pour laisser un témoignage de ma liberté,
gagnée dans l’abandon, dans l’exclusion,
dans cette réalité circonstancielle
où je retrouve la dignité de mon âme.
(Traduction de l’espagnol par Angel Mota Berriozabal).
(Remerciements à l’auteur)
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